Numéro 3
Editeurs scientifiques :
Editeur : UFR des Arts, Université de Strasbourg
ISSN : 09939970
Parution : avril 1990
Prix : 6 EUR
Comment peut-on être moderne ? Depuis peu, la Modernité n’est plus ce qu’elle était. Hier encore, une, absolue et indiscutable ; aujourd’hui, sécularisée par le Post-Modernisme ; et surtout partout débattue, comme menacée dans son essence même. Quasi posthume. Comment alors traiter d’un tel sujet sans (déjà) craindre de dater ? Comment même être (encore) moderne ? « Absolument moderne ? » Aussi le détour qui nous fait ici parler de nouveaux objets artistiques témoigne-t-il d’une prudente réserve à user d’un terme aussi incertain. A tout hasard, nous conviendrons d’ailleurs que le « Nouveau » de nos « objets » (matériaux, méthodologies, conditions d’exposition ou de réception, etc.) n’est pas nécessairement signe de modernité, et qu’il nous importait davantage d’en questionner les incidences théoriques : à quelle nouveauté et à quelle « artisticité » ces objets prétendent-ils ? C’est à dire : qu’est-ce qui, en eux, se propose comme tel –et sans doute autrement ? Car le renouveau par lequel ces objets négocient leur accès à l’œuvre, postule le plus souvent la recherche d’un nouveau rapport à l’autre : la création contemporaine, renonçant aux stratégies sclérosées de l’autonomie (quand chaque art ne devait chercher sa propre fin qu’en lui-même), s’est en effet ouverte à d’autres champs d’expériences, d’autres technologies, d’autres disciplines, d’autres cultures enfin : Combine-painting, sono mondiale, spectacles multimédia… Tramant ces métissages , elle a également transgressé l’interdit où les Avant-Gardes tenaient jadis l’art du passé. De leur « table rase » elle a fait table d’hôte, lieu de rencontres, chemins d’aventures sans « ismes » et indifférents au « sens de l’histoire ». L’artiste se souvint alors que les pères (présumés) de la Modernité n’avaient eux-mêmes jamais entendu rompre avec la tradition, et qu’il se pouvait désormais que rien ne soit plus comme avant, quand rien ne devait jamais être comme avant. Et voilà aussi qui paraitrait nouveau…