En bref
Pourquoi était-il nécessaire de s’interroger à nouveau sur la gratuité, après les travaux de Jean-Louis Sagot-Duvauroux (Pour la gratuité, 1995 ; De la gratuité, 2006), qui explorent les voies possibles d’une émancipation de l’homme, en argumentant sur les bienfaits d’une gratuité quasiment étendue à tous les domaines de l’existence ? Il se trouve que, même si l’imaginaire collectif peut associer la gratuité à une utopie – comme « plan imaginaire de gouvernement pour une société future idéale, qui réaliserait le bonheur de chacun » (CNRTL) –, la notion reste très ambiguë et problématique, en théorie comme en pratique.
Rappelons que le terme « gratuité », qui est chargé de connotations aussi bien positives que négatives, peut signifier, au sens propre, « ce qui est fait ou donné, […] ce dont on peut profiter sans contrepartie pécuniaire », et par extension, « ce qui est fait ou donné […] sans recherche de compensation » (CNRTL). Mais il peut encore être associé, au sens figuré, à « ce qui ne repose sur rien, […] ce qui n’est pas fondé, justifié », ou « ce qui est fait sans but déterminé, […] ce qui ne sert à rien » (CNRTL), et alors devenir une chimère ou un dangereux travers. Il semble donc intéressant d’interroger la gratuité depuis le champ diversifié des arts, dans le cadre des préoccupations qui sont celle de l’ACCRA.