Programme de recherche « L’art traversant le politique : discours, représentations et pratiques »

En bref

     Coordinatrice du programme : Katrin GATTINGER

     Ce programme de recherche a pour intention d'étudier l’intrication des pratiques artistiques dans les sphères politiques et sociales, de la « posture politique » des artistes jusqu’aux « politiques culturelles », et de regarder cette articulation art/politique à partir des nouveaux contextes et nouvelles pratiques notamment au regard des urgences actuelles :

  • crises écologique, économique, migratoire ;
    déploiement des extrémismes, recul démocratique et conflits armés ;
    luttes de visibilisation des minorités, ; demandes d’un monde plus juste, plus vivable.
  • la généralisation des nouvelles technologies appliquées (IA, internet,
    réseaux sociaux, médias) qui structurent les comportements et sont
    aussi bien de nouveaux leviers de partage et d’actions que d’outils
    de manipulation et de contrôle.

     Ce programme entend ainsi poursuivre et développer les activités, déjà menées par le groupe de travail « L’art traversé par le politique : discours, représentations et pratiques » au sein du programme de recherche « La fabrique des arts » dans le cadre du plan quinquennal 2018-2023, selon deux thématiques étant identifiées chacune comme un aspect représentatif de l'objet du programme.

Mondes croisés

     Ce champ de recherche se propose de penser l’art comme un espace où se manifestent les frottements entre des mondes. Loin d’une vision du politique ancrée dans l’idée d’un rapport de forces permanent, il s’agit ici d’envisager le politique comme un événement, celui d’une confrontation entre des mondes imaginés comme des horizons de significations solides et homogènes. Ces rencontres, bien que conflictuelles, portent en elles le potentiel d’un dialogue, d’une transformation, et très souvent d’une réinvention.

     Dans un contexte où les interactions entre mondes génèrent des luttes d’une urgence éthique, historique et scientifique incontestable, ce champ de recherche souhaite explorer les réponses multiples que l’art est capable de proposer. Car ces luttes sont à la fois des résistances face à des formes d’oppression, des quêtes d’émancipation et des volontés collectives de liberté. Elles sont aussi les signes d’une dissonance ou d’une volonté de domination et d’appropriation. En elles, se dessine une dynamique que l’art peut nommer, identifier, accompagner et orienter. Loin d’une simple réponse, les pratiques artistiques sont également susceptibles d’être des formes d’anticipation et de démonstrations imaginaires des collisions à venir tout comme des forces de proposition pour développer d’autres perspectives.

     Pour appréhender ce champ de recherche, plusieurs groupes de travail étudient trois thématiques mises en exergue.

1. Les territoires autres

     Le groupe de travail « Territoires autres » aborde les luttes qui se manifestent souvent dans un espace qu’elles définissent en territoire. Les territoires deviennent alors le lieu des relations. Ils ne sont donc pas des espaces limités mais leurs marges sont constamment repoussées. C’est ainsi qu’ils deviennent plastiques, des Territoires Autres, façonnés à l’image des déplacements et des frontières continuellement retracées. Sur et par ces territoires, se traduisent les croisements de mondes et se définissent des figures sociologiques comme celles de l’ennemi, l’étranger, l’exilé… et se recomposent des catégories spatiales tel le paysage, le milieu et le pays.

2. les interactions humains / non humains

     Le groupe de travail « Interactions humains / non humains » souhaite penser aussi les stratégies artistiques impliquant des partenaires non-humains, issus du biotope. Il s’agit de penser aux formes et aux conséquences des collisions de ces formes de vie ou d’intelligences multiples humaines et non humaines. Qu’il s’agisse de pratiques prenant acte de ces croisements et de la collision d’un monde contre un autre, ou des procédés artistiques œuvrant pour la stimulation de ces rencontres, ce groupe de travail, qui s'associe à l’ITI SWITCH (Durabilité de l’eau et des villes), souhaite penser ces interactions humains / non humains comme des alliances susceptibles de devenir des rapports de pouvoir.

3. Des vies qui ne valent rien

     Enfin, lorsque des mondes d’errance ou d’exil rencontrent puis traversent des mondes solides tels des forteresses, une effervescence politique se produit. La dignité des vies liquides se heurte à la logique économique du marché. Elles deviennent Des vies qui ne valent rien : celles des étranger.es, des humilié.es, des exilé.es, de celles et ceux tapis dans l’ombre du langage et qui campent les marges de la terre. Le groupe de travail « Des vies qui ne valent rien » estime aussi que l’art peut être le lieu d’un travail de résistance aux diverses formes d’appropriation, d’exploitation ou d’annihilation de la vie humaine et des conséquences réelles et objectives qui en résultent. Il souhaite, à ce titre, penser les méthodes et les discours que le geste artistique, en alliance directe ou indirecte avec les luttes collectives pour la dignité, est capable de mobiliser pour repenser et déconstruire cette intrication profonde entre la vie et sa valeur.

Gestes

     Si, dans son acception élémentaire, le geste désigne un mouvement corporel, il renvoie plus largement à l’action, à l’attitude et à la posture, c’est-à-dire à l’expression, volontaire ou inconsciente, d’une sédimentation affective et mémorielle. L’étude des modes d’actions artistiques mais aussi des modes d’accompagnement et de production culturels à laquelle est dédiée ce champ de recherches consistera non seulement à observer les opérations anthropologiques de transmission et de transformation d’un ensemble de motifs gestuels mais aussi à mettre en évidence leur agentivité politique et sociale au sein des espaces dans lesquels ils sont mobilisés ou observés par les artistes. Comment ces gestes s’organisent-ils et s’accomplissent-ils ? A quelles contraintes s’adaptent-ils et quels stratagèmes adoptent-ils pour subvertir le réel ? Ce sont quelques-unes des questions ouvertes par ces recherches.

1. Faire : les fabriques du geste

     L’ambition du groupe de travail « Faire : les fabriques du geste » est de faire place dans le champ de recherches à des travaux de nature poétique ou poïétique qui peuvent relever d’une démarche personnelle des membres du groupe.

2. Interpréter, jouer, manipuler, performer

     Le groupe de travail « Interpréter, jouer, manipuler, performer » aborde cet aspect du champ de recherches en se concentrant sur l’engagement corporel d’artistes en situation de performances, qu’elles soient de nature musicales, plastiques ou spectaculaires.

3. Ecologies gestuelles

     Le groupe de travail « Ecologies gestuelles » s’intéresse à l’impact du geste (humain comme animal) sur un environnement donné.

4. Politiques du geste / gestes politiques

     Le groupe de travail « Politiques du gestes / gestes politiques » articule une réflexion esthétique et politique sur la question du geste, envisageant sa détermination idéologique dans un contexte déterminé.