Mathieu Schneider Modalités du rapport entre musique et littérature dans les œuvres symphoniques de Gustav Mahler et Richard Strauss

En bref

Le 6 octobre 2003
à 14h00

Le Portique (université Marc Bloch)
14 rue René Descartes, 67000 Strasbourg
salle 18

Entrée libre

 

     Mathieu SCHNEIDER soutient le lundi 6 octobre 2003 sa thèse en musicologie (critique et interprétation de la musique) intitulée « Modalités du rapport entre musique et littérature dans les œuvres symphoniques de Gustav Mahler et Richard Strauss », et effectuée sous la direction de Marta GRABOCZ (professeur à l'université Marc Bloch de Strasbourg, membre de l'ACCRA) et de Hermann DANUSER (professeur à Humboldt-Universität, Berlin) à l'université Marc Bloch de Strasbourg et avec le soutien de l'ACCRA.

     Des informations supplémentaires liées à la thèse peuvent être consultées sur les sites theses.fr ou du SUDOC.

Composition du jury

     Le jury est composé de :

  • Hermann DANUSER, professeur en musicologie à Humboldt-Universität de Berlin (Allemagne)
  • Marta GRABOCZ, professeur en musicologie à l'université Marc Bloch de Strasbourg (France)
  • Xavier HASCHER, maître de conférences HDR en musicologie à l'université Marc Bloch de Strasbourg (France)
  • Costin MIEREANU, professeur en musicologie à l'université Paris 1 Panthéon (France)
  • Jean-Luc NANCY, professeur en philosophie à l'université des Sciences Humaines de Strasbourg (France) - président du jury
  • Danièle PISTONE, professeur en musicologie à l'université Paris-Sorbonne (France)

Résumé

     Les titres des poèmes symphoniques de Richard Strauss et des symphonies de Gustav Mahler font de nombreuses références à des œuvres littéraires ; ceci a longtemps alimenté le débat sur la musique à programme en général, et sur le caractère programmatique des symphonies de Mahler en particulier. Or avant de parler de musique à programme, il y a peut-être lieu de s’interroger sur le lien qui unit, esthétiquement parlant, l’œuvre musicale et l’œuvre littéraire. La présente étude montre qu’il ne faut pas considérer la musique à programme comme une simple transposition en sons de l’œuvre littéraire, mais bien plus comme une critique, au sens schlégélien, de cette dernière. En partant des théories de Liszt sur la musique à programme (telles qu’il les formule dans son essai sur « Harold » de Berlioz), il nous a été possible de mettre en évidence cette relation critique et d’en appliquer les principes aux poèmes symphoniques de Strauss. Il devenait alors possible de réinterpréter la forme musicale en fonction de ces données et de dépasser les simples catégories de la forme sonate. Dans les symphonies de Mahler, le rapport entre musique et littérature se fait sur un mode de type « analogique » : Mahler ne critique pas l’œuvre littéraire, car celle-ci ne lui sert pas de sujet, mais il révèle par les titres (ou sous-titres) de ses symphonies des parentés stylistiques, ou même plus généralement esthétiques, entre sa composition et l’œuvre littéraire citée. Ainsi les nombreuses références à Jean Paul, Hoffmann ou au « Wunderhorn » dans ses premières symphonies ne trahissent-elles que l’imitation par Mahler du style fantastique de ces textes. Notre étude a ainsi mis en évidence de nombreux procédés littéraires propres au fantastique dans la musique de Mahler. Elle a aussi pu montrer que le style fantastique est cela même qui permet à Mahler d’assurer, au sein de ses symphonies, une continuité stylistique entre les mouvements chantés et les mouvements purement instrumentaux.

Abstract

     The titles of Richard Strauss’s symphonic poems and of Gustav Mahler’s symphonies refer many times to literary works. For a long time this fact has sustained a debate on the programme music generally, and more particularly on the programmatic aspect of Mahler’s symphonies. Now before using the term “programme music”, one should wonder about the link that can be aesthetically established between a musical work and a literary work. This study shows that one should not consider programme music as a simple translation of literary works into sounds, but rather as criticism, as Schlegel defines it, of the latter. Based on Liszt’s theory about programme music (expounded in his essay on Berlioz’s “Harold”), our study highlights this critical relation and applies it to the symphonic poems by Strauss. It makes it possible to offer another interpretation of the musical form and to transcend the traditional categories of the sonata form. In Mahler’s symphonies the relation between music and literature is of an “analogical” nature: Mahler does not criticise the literary work – indeed the latter does not function as a subject for him – but through the titles (or subtitles) of his symphonies he reveals some stylistic or more generally some aesthetic correspondence between his own composition and the literary work he alludes to. Thus the numerous references to Jean Paul, Hoffmann or the “Wunderhorn” in his first symphonies only betray the fact that Mahler imitated the fantastic style of these authors. Our study shows how Mahler takes up these literary devices and uses them in his music. At the same time we have been able to demonstrate that the fantastic style of Mahler’s symphonies is the means which enables the composer to create a stylistic continuity between the sung movements and the purely instrumental movements of his symphonies.