Henri Sattler La Voix de l'orgue entre devotio et suavitas. Paradigme d'une poétique sonore de la foi : théologie, éthique et esthétique dans la praxis de l'organiste catholique français entre le Concile de Trente et aujourd'hui

En bref

2002

(université Marc Bloch)
67000 Strasbourg

Entrée libre

 

     Henri SATTLER soutient en 2002 sa thèse en musicologie (histoire de la musique) intitulée « La Voix de l'orgue entre devotio et suavitas. Paradigme d'une poétique sonore de la foi : théologie, éthique et esthétique dans la praxis de l'organiste catholique français entre le Concile de Trente et aujourd'hui », et effectuée sous la direction de Jacques VIRET (professeur à l’université Marc Bloch de Strasbourg) à l'université Marc Bloch de Strasbourg et avec le soutien de l'ACCRA.

     Des informations supplémentaires liées à la thèse peuvent être consultées sur les sites theses.fr ou du SUDOC.

Composition du jury

     Le jury est composé de :

  • Jacques VIRET, professeur en musicologie à l'université Marc Bloch de Strasbourg (France)

Résumé

     Lors de la conférence de Carême qu'il prononça à Notre-Dame de Paris, le 21 février 1999, le père Jean-Robert Armogathe rappela que la voix de l'orgue offre un accès privilégié au sacré, en contribuant à la création d'un « espace de sensibilité » favorable à la rencontre du transcendant. La méditation musicale des orgues permet, selon lui, de pénétrer dans la compréhension du mystère divin, qui, comme l'affirme le Nouveau Testament, est demeuré caché aux puissants, se dévoilant au cœur des humbles et des petits. Depuis l'époque patristique, le culte chrétien attribue à l'orgue une fonction théologale et mystagogique, qui introduit le sujet croyant dans une expérience du divin, d'ordre tant rationnel qu'émotionnel. La méthode allégorique fondée par Origène et Tertullien, illustrée par l'Ecole française de spiritualité (Olier, Grimaud, Thomassin), puis par les catholiques romantiques (Lamennais, d'Ortigue, Chateaubriand), légitime la présence de l'orgue dans le sanctuaire, tout en précisant son rôle dans la scène cérémoniale. Sa structure sonore offre une représentation sensible des réalités invisibles du kérygme chrétien : la multiplicité des tuyaux, le vent émis par les soufflets et les sons prolongés évoquent respectivement la communion des Saints, le souffle de l'Esprit et l'Eternité divine. L'orgue est un signe sacramentel qui participe, selon Jean-Yves Hameline, à une poétique sonore de la foi. Faisant écho à la crise liturgique suscitée par les dernières décisions conciliaires, cette étude vise à rappeler ce que l'Eglise catholique demande à ses musiciens, en incitant à une re-estimation du rôle de l'orgue dans « l'écologie sonore » de la célébration. Quels sont les critères de convenance - théologiques, rhétoriques et stylistiques - qui mesurent l'aptitude d'un instrument ou d'un répertoire à participer à la célébration du culte catholique ? Comment cette question a-t-elle influencé la praxis des organistes français depuis le Concile de Trente ?

Abstract

     In the Lent sermon he gave in the church of Notre-Dame of Paris on February 21st, 1999, the Rev. Jean-Robert Armogathe reminded his audience that the sound of the organ gives us a most creditable access to the sacred by enabling our senses to experience transcendency both rationally and emotionally : by accompanying our meditations, organ music leads us into te very mystery of the Divine, which, according to the New Testament, ignores the powerful and only unveils itself to its humbler servants. Thus, ever since the early days of Christianity, the organ has been endowed with both a theologal and mystagogic function. The method of allegory, founded by Origen and Tertullian and illustrated first by the French school of spirituality (Olier, Grimaud, Thomassin), then by the Catholics of the Romantic period (Lamennais, d'Ortigue, Chateaubriand), legitimates the presence of the organ in the sanctuary and specifies the role it is to play in the ceremonial scene. Indeed, such an instrument does provide our senses with a representation of the invisible realities of the Christian kerygma, as the multiplicity of its pipes, the wind blown out by its bellows, and its prolonged sounds evoke respectively the communion of the Saints, the breath of the Holy Spirit and the eternity of God. The organ is a sacramental sign, according to Jean-Yves Hameline, has to do with the poetics of faith itself. As a response to the crisis of liturgy created by the latest decisions of the Council, this study proposes to retrace what the Roman Catholic church expects from its musicians, by giving grounds for a new appraisal of the part the organ plays in the "ecology of sound" of celebrations. What criteria - be they either theological, rhetorical or stylistic - should therefore be taken into account to decide whether an instrument or a repertoire is fit to take part in the celebration of the Catholic ritual ? And how has this question influenced the praxis of the French organists since the Council of Trento ?