Lorsque la création d'une image se fait grâce à l'utilisation, la manipulation d'un appareil, il arrive un moment où celui-ci devient central et le sujet de tous les questionnements. La pratique de la photographie m'a amenée à ce type d'interrogation. Comment photographier devient soudain une question aussi récurrente qu'essentielle. Une réflexion critique sur ce que l’on croit être une simple technique et que l'on emploie pour faire une image photographique, libérée alors de toutes fascinations, devient possible. Mais comment procéder à l'analyse de l'appareillage photographique? C'est en considérant l'appareil comme un ensemble global, un paradigme, participant pleinement à la création et la conditionnant en même temps, qu’il paraît possible de mener une réflexion sur cette place particulière qu'occupe l'appareillage photographique dans la réalisation d'image ou (/ et) d'installation de celle-ci. Cette interrogation peut dès lors être étudiée à travers une mise à plat de l'appareil photographique dans une définition plus élargie de ce dernier que la simple considération de l’appareil de prise de vue afin de savoir ce qu’il est par nature mais aussi dans ses usages, et alors de découvrir sa poïétique propre ainsi qu’un rapport singulier au réel. Cette méthodologie s'apparente à une déconstruction, puis une monstration, voire une mise en excès pour eux-mêmes des éléments premiers et fondamentaux de l'appareil producteur d'image photographique (grain, brûlure, planéité, obscurité...) ; ce qui le constitue et en fait sa particularité. D'une autre manière, le conditionnement qu'opère l'appareillage photographique dans la réalisation d'images peut se penser par une mise en évidence du procès : une mise en valeur, une exhibition du processus du faire, de la démarche, de la méthode qui permet à l'image d'être. Cette démarche et cette recherche recontextualisent le faire, l'expérimentation, la poïétique à l'œuvre dans chaque réalisation plastique d'image photographique.