La comédie musicale, art transdisciplinaire, associe danse, musique, théâtre et/ou cinéma. Souvent considérée comme spectacle « populaire », elle ne trouve que rarement, en France, la faveur des grands esprits. Quand bien même les travaux portent sur le genre cinématographique, ils se centrent sur les œuvres de l’âge classique (1933-1957), et privilégient les approches idéologiques plutôt qu’esthétiques, réduites au contexte de création. Au prisme de West Side Story (1957 et 1961), nous tentons d’aller au-delà ; si cette production est un succès de l’entertainment américain, elle révèle aussi la facture de Jerome Robbins, figure majeure de la danse américaine. Cette thèse croise donc les génomes robbinsiens – la « pré-histoire » de West Side Story –, et leurs réminiscences activées par l’œuvre. L’objectif est de prouver que cet opus symbiotique, relayant les principales caractéristiques des danses américaines, s’inscrit en tant que supra-genre du musical, en réfractant les concepts esthétiques « savants » de la postmodernité. La première partie met en avant la polysémie des formes chorégraphiques (danses traditionnelles, sociales, modern dance, jazz, danse académique et « danse musicale »), et présente le pouvoir des corps dansants (opéras, Broadway, Hollywood). Le second volet met l’accent sur le parcours artistique et personnel du chorégraphe, et l’analyse de West Side Story au regard des enjeux de son actualisation esthétique et poétique, dans le contexte des années 1950-60.