L’histoire de la mondialisation (1400-1500, 1840-1914, 1970-2008), témoigne d’une construction civilisationnelle fondée sur des frontières politiques, terrestres et culturelles, qui a conduit à une hypermondialisation ; résultat d’une éternelle soif de pouvoir et de domination. Ces murs que les humains érigent entre eux, vecteurs de discriminations sociales, raciales et genrées, catalyseurs d’une société de plus en plus identificatrice et sécuritaire, entraînent des vagues de déflagration identitaire.
Nous sommes actuellement témoins et acteurs d’une démultiplication de cette fracture sociétale et culturelle, qui serait liée, entre autres, au développement des Nouvelles technologies de l’information et de la communication. L’économie de la donnée, la surveillance sécuritaire, ainsi que l’intelligence artificielle, submergent notre quotidien et posent un certain nombre de questions en termes de vie privée et de renforcement des stéréotypes, de plus en plus radicaux et envahissants.
Quels sont et seront les enjeux artistiques à l’ère de l’hypermondialisation, face à ces discriminations humaines stéréotypées ? Notre société contemporaine forme et formera de plus en plus de techniciens pour gérer toutes ces nouvelles technologies et prendra conseil auprès d’un grand nombre de chercheurs et d’intellectuels, mais fait nouveau, elle établira également des collaborations très étroites avec les créateurs. C’est pourquoi ce travail de recherche artistique, soulève et propose d’étudier ces questions par le biais d’un fil conducteur : les enjeux de la pensée artistique.
Une des perspectives envisageables, est celle de l’inclusion de la création artistique au sein des différents niveaux intellectuels et décisionnels œuvrant à la construction de notre monde ; mais aussi de la mutation du statut de l’artiste, rendue possible par l’utilisation des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication et permettant une liberté d’expression et de création artistique « nouvelle ». La créativité ne serait-elle pas la clé de l’avenir de notre société ? Les innovations technologiques et sociétales ne dépendront-elles pas des artistes ?
La majorité des formes artistiques ont depuis longtemps démontré l’indépendance de leur pensée, leur humanité, leur force d’anticipation et de clairvoyance. C’est la raison pour laquelle ce travail construit ses mécanismes de pensées d’un point de vue artistique. Artistique dans l’exercice d’une mémoire citoyenne. Artistique dans ses propres expérimentations créatives (narration et pratique spéculative). Artistique dans la méthodologie de recherche et dans l’approche scientifique. Et enfin, artistique dans la forme, celle de l’objet-thèse.