Raphaël Szöllösy Images en mouvement du monde morcelé. Principe cinématographique pour faire face aux temps contemporains

En bref

 

Le 16 janvier 2020
à 14h00

Palais universitaire (université de Strasbourg)
9 place de l'université, 67000 Strasbourg
salle 118

Entrée libre

 

     Raphaël SZÖLLÖSY soutient le jeudi 16 janvier 2020 sa thèse en arts du spectacle (études cinématographiques) intitulée « Images en mouvement du monde morcelé. Principe cinématographique pour faire face aux temps contemporains », et effectuée sous la direction de Geneviève JOLLY (professeur à l’université de Strasbourg, directrice de l’ACCRA) et Nathalie BITTINGER (maître de conférences à l'université de Strasbourg, membre de l'ACCRA) à l'université de Strasbourg et avec le soutien de l'ACCRA.

     Des informations supplémentaires liées à la thèse peuvent être consultées sur les sites theses.fr ou du SUDOC, et la thèse intégrale sur le site de l'Unistra.

Composition du jury

     Le jury est composé de :

  • Nathalie BITTINGER, maître de conférences en études cinématographiques à l'université de Strasbourg (France)
  • Grégory CORMANN, maître de conférences en philosophie à l'université de Liège (Belgique)
  • Anthony FIANT, professeur en études cinématographiques à l'université Rennes 2 (France) - président du jury et rapporteur
  • Jeremy HAMERS, maître de conférences en études cinématographiques à l'université de Liège (Belgique)
  • Geneviève JOLLY, professeur en histoire, esthétique et théorie des arts de la scène à l’université de Strasbourg (France)
  • Luc VANCHERI, professeur en études cinématographiques à l'université de Lyon (France) - rapporteur

Résumé

     Le « monde morcelé » au sein duquel s’inscrit l’entièreté de la réflexion donne son nom à une situation à la fois politique et esthétique. L’expression provient de l’un des tomes des Carrefours du labyrinthe de Cornelius Castoriadis paru en 1990 et désigne un contexte où les projets d’émancipations sociales, qui purent prendre un jour le nom générique de socialisme, semblent être tombés en morceaux. Cet effondrement a rendu visible les ruines d'un idéal de transformation du monde qui s'évertuait à le considérer comme un espace possible de réalisation du commun. Des débris d'utopies sont dès lors discernables dans nombre de territoires des temps contemporains, qu'ils soient géographiques, philosophiques ou filmiques. Que peuvent les œuvres cinématographiques face à la mélancolie politique que donne à vivre la condition présente du monde, diagnostiquée par Bernard Stiegler, André Tosel, Edgar Morin, Daniel Bensaïd ou Pierre Dardot et Christian Laval ? Tout démarre d'un certain constat de disparition ; tout l'enjeu de cette thèse est d'affirmer que des apparitions surgissent par le moyen de l'appareil cinématographique. Survivance des lucioles (2008), l'ouvrage fondamental de Georges Didi-Huberman qui revendique un mot cher à la méthodologie de l’Atlas Mnémosyne (1929) d’Aby Warburg et questionne la position de Pier Paolo Pasolini dans son époque, révèle la tâche centrale du travail mené : formuler un « principe » cinématographique construit autour de la notion de « survivance » et visible au sein d'un corpus d’œuvres cinématographiques inquiétées par les temps contemporains. C’est la pensée d'Ernst Bloch qui s'avère finalement essentielle. L'auteur formule son Principe-Espérance (1954-1959) sur les décombres de la première moitié du vingtième siècle et convoque l'idée d'un héritage du passé à métamorphoser et à faire vivre au sein du temps présent pour ouvrir les chantiers de l'avenir. Les cinémas contemporains arrachent un tel principe à leurs contextes propres pour le faire agir dans le nôtre. En plus du mouvement qui s’incarne dans l’image, nous pouvons appréhender celui qui réanime les désirs déçus. Ainsi les films de Tariq Teguia, de Jia Zhang-ke, de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas, d'Amos Gitaï ou de Pedro Costa nous permettent de considérer l'appareil cinématographique comme un foyer (Heimat) de résistance, de mémoire et de propagation face aux désastres que cristallisent la mélancolie et les ruines de Théo Angelopoulos, Bélà Tarr ou Jean-Luc Godard. Relier les morceaux dispersés au sein du monde, telle est la leçon de « l'organisation du pessimisme » enseignée par Walter Benjamin et rendue possible par le cinéma.

Abstract

     When the Berlin Wall began his fall, Cornelius Castoriadis suggested a peculiar task : the thought of a world in fragments. Every day occurs like the growing necessity of this labour. How can we find the strengh against the threat of a disappearance of political and social hopes ? Our answer is to increase the gaze with an apparatus which is the cinema. From Tariq Teguia’s landscapes to Zhao Tao’s paths, from the melancholy of Filippos Koutsaftis to the sadness of Pasolini’s faces, several pictures show the ruins of our time. But these pictures still maintain a link with the being spectre, and the aim of another future. Along with Aby Warburg’s methodology and Ernst Bloch’s philosophy, cinema appears as a home of utopias which problematize our contemporaneity.