Pierre-Emmanuel Lephay Que faire d'une œuvre inachevée ? : les choix interprétatifs face au manque à travers les exemples de « L'art de la fugue » de Bach, « La Khovantchina » de Moussorgsky et la « Neuvième symphonie » de Bruckner

En bref

Le 4 décembre 2009
à

Entrée libre

 

     Pierre-Emmanuel LEPHAY soutient le vendredi 4 décembre 2009 sa thèse en musicologie (esthétique) intitulée « Que faire d'une œuvre inachevée ? : les choix interprétatifs face au manque à travers les exemples de « L'art de la fugue » de Bach, « La Khovantchina » de Moussorgsky et la « Neuvième symphonie » de Bruckner », et effectuée sous la direction de Marta GRABOCZ (professeur à l'université de Strasbourg, membre de l'ACCRA) à l'université de Strasbourg et avec le soutien de l'ACCRA.

     Des informations supplémentaires liées à la thèse peuvent être consultées sur les sites theses.fr ou du SUDOC.

Composition du jury

     Le jury est composé de :

  • Marta GRABOCZ, professeur en musicologie à l'université Marc Bloch de Strasbourg (France)

Résumé

     Les différences entre plusieurs interprétations d’une œuvre inachevée sont parfois considérables. Qu’est-ce qui autorise de telles différences ? De qui proviennent-elles ? Quelles en sont les motivations ? L’observation des actes interprétatifs face à l’inachèvement révèle des positions variées : de l’attitude de dévotion extrême, qui consiste à ne pas intervenir sur la partition, à sa « recomposition » qui en fait une œuvre autre, la marge de manœuvre semble infinie. De tels actes interprétatifs proviennent de bien des acteurs de la vie musicale : éditeurs, musicologues, exécutants, directeurs artistiques, compositeurs... Ces différentes catégories pouvant se confondre (par exemple un chef d’orchestre se faisant compositeur), les limites entre les unes et les autres en deviennent parfois floues. Les motivations des interprètes ne sont, en outre, pas toujours uniquement musicales mais aussi parfois culturelles, commerciales voire politiques. Si l’œuvre inachevée suscite des actes aussi surprenants, c’est parce qu’elle ne dispose pas des « garde-fous » dont bénéficie l’œuvre achevée (un début, une fin et, entre les deux, une continuité du discours). L’imagination créative des interprètes est ainsi davantage sollicitée et l’absence de limites clairement définies est ressentie comme une liberté supplémentaire. Le questionnement de l’œuvre est ainsi permanent puisque, bien souvent, la solution de l’un est modifiée par un autre : chaque artiste, chaque époque ayant sa pierre à apporter sur la connaissance de l’œuvre inachevée, le « chantier » semble sans fin et le débat sur ce que l’on doit en faire semble ainsi ne jamais pouvoir être clos.

Abstract

     The differences between several interpretations of an incomplete work are sometimes considerable. What allows such differences? Who are they from? What are the motivations of their authors? The observation of the interpretative choices facing incompletion reveals extremely varied positions. From an attitude of extreme devotion, which consists in not intervening on the score and in playing the work as it is, to a “reorganization” which makes it an other work, room to manoeuvre seems infinite. Such interpretative choices come from various actors of musical life: publishers, musicologists, performers, conductors, artistic directors, composers... Sometimes, these categories overlap (when, for instance the conductor works as a composer), and the borders between the ones and the others become blurred. Besides, the motivations of the interpreters are not always purely musical, they can also be cultural, commercial or even political. The ability of an unfinished work to spark off such surprising results is due to its lack of the same « safeguards » benefitting a finished work: a beginning, an end and, in between, a continuity of speech. Thus, more creative imagination is required from the interpreters in such cases, and the absence of clearly defined limits is felt as an additional freedom. As a result, the questioning of such a work is a never-ending process, as one person’s solution will often be undone by the next: every artist, every period has its own contribution to the knowledge of unfinished work. The construction of a “final version” seems endless and discussion on what can be made out of it seems to remain open for ever and ever.