Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la musique instrumentale allemande occupe une place de choix en France. Les compositions allemandes plaisent d'abord par leur nouveauté, puis elles sont progressivement érigées en modèles par les Français. La manière dont ces deux cultures (allemande et française) se rencontrent peut être abordée sous l'angle de la réception, qui accorde un intérêt primordial au fait musical.Pour évaluer la présence de la musique instrumentale allemande en France, on commencera par relever les traces perceptibles dans deux domaines en plein essor : le concert et la diffusion. Mais l'exécution au concert et l'édition n'expliquent pas à elles seules le succès de ces œuvres instrumentales. En effet, l'accueil des musiciens allemands et la promotion des œuvres sont organisés par quelques milieux germanophiles, reliés les uns aux autres. Parmi les foyers de diffusion, la cour de Mannheim joue le rôle de plaque tournante. C'est un lieu de création mais aussi un point de passage obligé pour des œuvres qui proviennent de Vienne ou d'Italie (Rome, Naples). Soutenue par la circulation des œuvres sur ces « grands axes » et autour de ces grands centres, la musique instrumentale allemande semble, de surcroît, créer de nouveaux repères pour les musiciens et le public français. A l'origine de ces modifications se trouvent les compositions de Johann Stamitz, de Wagenseil, de Schobert et de Haydn, qui ne sauraient laisser dans l'ombre le succès rencontré par Rigel, Edelmann ou Hüllmandel, par exemple. A la veille de la Révolution, la renommée de la musique instrumentale allemande se mesurera à la place de premier rang que les musiciens français finiront par lui accorder.