L’objet de cette recherche-création doctorale en arts visuels est d’apporter un éclairage spécifique sur les pratiques artistiques urbaines, commissionnées ou non, et de développer un champ de connaissances sur la manière dont elles instruisent un mode d’interaction — entre usage, appropriation et partage — avec les espaces publics et leurs usagers, considérés en tant que citadin (rapport spatial), civil (rapport législatif) ou citoyen (rapport social et politique).
Apartir du milieu des années 1990, émerge en Europe une génération d’artistes qui réalisent des interventions dans la ville sans autorisation et évoluent à la frange de pratiques sociales et créatives comme le name writing graffiti, l’urbex (urban exploration) ou le hacking. Ces artistes constituent un réseau d’acteurs et d’actrices indépendants, dans la mesure où ils développent leurs espaces de diffusion propres en marge ou en complément des espaces institutionnels et investissent le web pour partager la documentation de leurs actions sans intermédiaires. Ils s’inscrivent autant dans la continuité des avant-gardes du XXe siècle qui appellent à un dépassement de l’art et à une intensification de la vie, que dans la lignée de ces citoyens qui militent pour le « droit à la ville » ou défendent les valeurs de partage de la « culture libre ». En partant de mon parcours artistique de 2005 à 2020, il s’agit d’en proposer une analyse, afin d’en dégager les perspectives, en conversation et en collaboration avec cette communauté d’artistes (dont Brad DOWNEY, Vladimìr TURNER, Jeroen JONGELEEN) et d’acteurs (dont Javier ABARCA, Rafael SCHACTER, Christian OMODEO), en miroir de l’émergence de l’art urbain comme champ de recherche académique.
A partir de l’analyse de cinq récits d’expériences artistiques, cette recherche ouvrirait et participerait à une redéfinition du rôle de l’artiste urbain, en pointant sa qualité d’agent intermédiaire — à la fois créateur, intervenant et chercheur — susceptible d’accompagner des transformations urbanistiques et sociales.