La passion de Liszt pour l'art en général révèle son imagination synesthésique : il ne peut regarder certaines œuvres sans les mettre spontanément en musique. Ses écrits, lettres et articles, révèlent sa culture et sa connaissance de l'art et du milieu artistique. Son texte sur la sainte Cécile de Raphaël dévoile ses réels talents de critique d'art, et son coup d'œil très sensible. La façon dont il parle du tableau nous a fait penser à la méthode de Panofsky, que nous avons donc choisi d'adapter à la musique de Liszt inspirée d'art visuel. Cette méthode procède en trois étapes, que Panofsky appelle niveaux de signification. Le premier niveau concerne tout l'aspect matériel immédiatement perceptible : formes, volumes, couleurs. Le pendant musical est les motifs et thèmes employés. Le deuxième niveau s'attache aux images, histoires et allégories contenues dans un tableau. Là encore, elles correspondent chez Liszt à une thématique signifiante : il évoque des personnages par des citations, telles que le Stella Matutina pour Sainte Elisabeth. Le troisième niveau considère le contenu d'une œuvre. Liszt l'exprime par la forme. Après avoir abordé l'ensemble de ses œuvres ainsi conçues, nous avons opté pour l'analyse exhaustive de celles qui donnent une idée de la variété de l'écriture de Liszt : Sposalizio, Totentanz, Von der Wieger bis zum Graber. Elles reflètent ses préoccupations principales, la religion et la mort.L'adaptation de la méthode de Panofsky pour l'analyse des œuvres de Liszt inspirées de l'art visuel met en évidence la similitude ou les divergences des principes de perception et de conception. Elle montre également que le contenu commun des œuvres réside dans l'idée qu'elles illustrent.