La thèse s'intéresse à la nature des rapports du lieu et du projet architectural. Cette question dépasse l'approche topologique (topographie, nature du sol et du climat, dimensions de la parcelle, etc.) relativement commune à tous les architectes, pour intéresser les fondements intellectuels spécifiques de la démarche de conception architecturale. L'hypothèse émise est que l'architecte tente de manière récurrente d'inscrire une vision personnelle du monde au cœur de son architecture, au sens où il donne plus ou moins consciemment à l'acte architectural une dimension politique et militante. Cette intention guide de manière constante le projet, mais c'est la rencontre avec le lieu du projet qui en donne la teneur et l'ampleur. Ainsi, avant d'établir un projet d'architecture, l'architecte développe une idée spatialisée du monde, l'expression d'un projet politique, social et/ou culturel. Ce concept, entre l'idée et le projet, est nommé ici l'idée architecturale. Du point de vue de la phénoménologie de la perception, il apparait que le lieu est toujours lu à travers un filtre culturel et personnel. En ce sens, le lieu est décrypté par l'architecte comme la source et le support possible d'une démonstration politique, sociale et/ou culturelle, comme un moyen de matérialisation d'une idée, de la transmission d'un message. Récurrente dans l'histoire de l'architecture (le rapport des lieux du pouvoir au monde en est une illustration), cette attitude semble cependant singulière au XXème siècle, siècle où l'architecture parait emprunter, plus qu'à toute autre période, de voies complexes et novatrices et interroger ainsi plus singulièrement les rapports qu'elle entretient avec le lieu.