Eric Létourneau Géotransgression : l’activité artistique comportementale comme concrétisation de la pensée transductive dans le tissu social

En bref

Le 22 septembre 2023
à 14h00

Collège doctoral européen (université de Strasbourg)
46 boulevard de la Victoire, 67000 Strasbourg
salle Amphithéâtre

Tram C/E/F arrêt Observatoire

Entrée libre

 

     Eric LETOURNEAU soutient le vendredi 22 septembre 2023 sa thèse en musicologie (esthétique) intitulée « Géotransgression : l’activité artistique comportementale comme concrétisation de la pensée transductive dans le tissu social », et effectuée sous la direction de Corine PENCENAT (maître de conférences HDR à l'université de Strasbourg, membre du CREAA et de l'ACCRA) à l'université de Strasbourg et avec le soutien du CREAA et de l'ACCRA.

Composition du jury

     Le jury est composé de :

  • Thierry BARDINI, professeur en communication et études des médias à l'Université de Montréal (Canada) - rapporteur
  • Claire DEHOVE, chargée de recherche MDC retraitée en scénographie (France)
  • Hélène DOYON, professeur en art de la performance à l'Université du Québec à Montréal (Canada) - présidente du jury
  • Stefan KRISTENSEN, professeur en esthétique à l'Université de Strasbourg (France)
  • Olivier LUSSAC, professeur en art de la performance contemporaine à l'Univeristé de Lorraine (France)
  • Valerian MALY, professeur de l'art de la performance à la Hochschule der Künste Bern (Suisse)
  • Corine PENCENAT, maître de conférences HDR émérite en arts visuels à l'Université de Strasbourg (France)
  • Alexandre SAINT-ONGE, professeur en études et pratiques des arts à l'Ecole d'art de la FAAAD de l'Université de Laval (Canada) - rapporteur

Résumé

     En tant qu’artiste, commissaire et auteur, nous nous intéressons, depuis la fin des années 1980, aux pratiques performatives qui poussent le concept de la dématérialisation de l’art au croisement de l’éthique, du politique et de l’immixtion de l’art dans la vie quotidienne. Certaines de ces actions s’infiltrent parfois en des lieux et des temporalités a priori non destinés à la monstration artistique. Ces machinations d’artistes transgressent ainsi les limites de différents modes, formels ou informels, de régulation sociale. Cette thèse se penche sur les singularités de ce champ artistique en les abordant, d’une part, à travers un corpus philosophique (Simondon, Deleuze, etc.) et, d’autre part, par l’examen d’entretiens semi-directifs réalisés avec une vingtaine d’artistes qui pratiquent l’art performance, la manœuvre, l’art invisuel ou d’autres formes d’activités artistiques comportementales. Principalement envisagées à la lumière de l’approche simondonienne de la notion d’individuation, ces mises en relation mènent à la proposition du concept de géotransgression, néologisme que nous employons depuis le début des années 2010 pour définir un mode singulier de pratiques artistiques performatives, lesquelles se caractérisent par leur réalisation, sans permissions préalables, en différents lieux physiques ou champs de l’activité sociale a priori non destinés à la monstration artistique. Pour comprendre la genèse des pratiques géotransgressives, nous proposons d’abord une recension de différents modes d’immixtion de l’art dans la vie au cours du XXe siècle, lesquels constituent historiquement les prémisses qui en ont favorisé l’émergence. Ces pratiques sont ensuite présentées à travers une déclinaison explicative de leurs modalités opératoires. On s’intéresse ensuite à l’analyse de cas exemplaires, lesquels font émerger la structuration des modes de temporalité et de spatialité des pratiques géotransgressives. On cherche à comprendre comment les actes géotransgressifs peuvent influer sur les modes d’individuation des êtres qui en partagent l’expérience, à travers les dimensions esthétiques ou les multiples conséquences qu’entraîne ce type d’activité : la notion de risque inhérente à leur exécution, l’importance de considérer les processus d’agentivité entre les différents acteurs sociaux ou non humains comme matériaux qui permettent l’émergence de nouvelles formes esthétiques, de même que la sédimentation institutionnelle que peuvent faire émerger les artistes géotransgresseurs par la création de points-clés et de moments-clés. Ces pratiques géotransgressives favorisent ainsi le développement de nouveaux modes de relation entre les champs de l’art, de la sociopolitique et de la vie quotidienne.

     As artists, curators and authors, since the late 1980s we've been interested in performative practices that push the concept of the dematerialization of art to the intersection of ethics, politics and the interference of art in everyday life. Some of these actions sometimes infiltrate places and temporalities at first not intended for artistic display. These artists' machinations transgress the limits of various formal and informal modes of social regulation. This dissertation examines the singularities of this artistic practice, firstly through a philosophical corpus (Simondon, Deleuze, etc.) and, secondly, through the examination of semi-directive interviews with around twenty artists practicing performance art, art manoeuver, invisual art or other forms of comportemental artistic activity. Mainly considered in the light of the Simondonian approach to the notion of individuation, these connections lead to the proposal of the concept of geotransgression, a neologism that we have been employing since the early 2010s to define a singular mode of performative artistic practices, characterized by their realization, without prior permission, in different physical locations or fields of social activity a priori not intended for artistic display. To understand the genesis of these geotransgressive practices, we begin with a review of the ways in which art and life intersected during the twentieth century, which historically constitute the premises that fostered their emergence. These practices are then presented through an explanation of their modus operandi. This is followed by an analysis of exemplary cases, which reveal the structuring of the temporal and spatial modes of geotransgressive practices. We examine how geotransgressive acts can influence the modes of individuation of those who share the experience, through the aesthetic dimensions and multiple consequences of this type of activity: the notion of risk inherent in their execution, the importance of considering the processes of agency between different social or non-human actors as materials that enable the emergence of new aesthetic forms, as well as the institutional sedimentation that geotransgressive artists can bring about through the creation of key points and key moments. These geotransgressive practices thus foster the development of new modes of relationship between the fields of art, socio-politics and everyday life.