Ce travail a pour vocation d’interroger l’omniprésence du mélodrame dans le cinéma sud-coréen, afin de cerner les puissances du genre dans la fabrique en constante mutation d’un imaginaire commun. Il s’agit d’aborder le mélodrame selon l’espace intertextuel que tracent les œuvres pour y déceler les rapports de pouvoir – socio-historiques, politiques, transnationaux – qui se déploient au cœur des formes qu’il prend ou reprend au cours de son histoire. Nous analysons les conditions ayant favorisé son émergence dès les débuts du cinéma en Corée, interrogeons ses potentiels conformiste et subversif au contact de la censure, et sa constante réinvention dans un cinéma composite, fait de perpétuelles réappropriations exogènes. Il s’agit en outre de dégager une dialectique avec l’Histoire du pays comme du cinéma, par le recours aux métaphores, aux allégories, et par la transformation de l’Histoire en matériau filmique venant nourrir l’imaginaire national.
This work aims to question the omnipresence of melodrama in South Korean cinema, in order to identify the powers of the genre in the constantly changing fabric of a common imagination. It is a question of approaching melodrama according to the intertextual space that the works trace in order to detect the power relations – socio-historical, political, transnational – which are deployed at the heart of the forms that it takes or resumes during its history. We analyze the conditions that favored its emergence from the beginnings of cinema in Korea, question its conformist and subversive potential in contact with censorship, and its constant reinvention in a composite cinema, made of perpetual exogenous reappropriations. It is also a question of establishing a dialectic with the History of the country as well as of cinema, through the use of metaphors and allegories, and by the transformation of History into filmic material that nourishes the national imagination.