Claire Audhuy Le théâtre dans les camps nazis : réalités, enjeux et postérité

En bref

 

Le 8 novembre 2013
à 13h00

Nouveau Patio (université de Strasbourg)
20a rue René Descartes, 67000 Strasbourg
salle des Thèses

Entrée libre

 

     Claire AUDHUY soutient le vendredi 8 novembre 2013 sa thèse en arts du spectacle (études théâtrales) intitulée « Le théâtre dans les camps nazis : réalités, enjeux et postérité », et effectuée sous la direction de Jean-Marc LACHAUD (professeur à l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, membre de l’ACCRA) et de Jean-Noël GRANDHOMME (professeur à l'université de Strasbourg) à l'université de Strasbourg et avec le soutien de l'ACCRA.

     Des informations supplémentaires liées à la thèse peuvent être consultées sur les sites theses.fr ou du SUDOC.

Composition du jury

     Le jury est composé de :

  • Mechtild GILZMER, professeur en littérature et civilisation française et francophone à Universität des Saarlandes (Allemagne)
  • Jean-Noël GRANDHOMME, maître de conférences HDR en histoire contemporaine à l'université de Strasbourg (France)
  • Jean-Marc LACHAUD, professeur en philosophie de l'art et esthétique à l'université Paris 1-Panthéon-Sorbonne (France)
  • John LONDON, professeur en panalyse de la performance et histoire du théâtre à Goldsmith University of London (Royaume-Uni) - rapporteur
  • Olivier NEVEUX, professeur en histoire et esthétique du théâtre à l'université Lumière Lyon 2 (France) - président du jury
  • Brigitte SION, docteur en performance studies, chercheur associé au Committee on Global Thought de Columbia University (Etats-Unis)

Résumé

     Cette thèse de doctorat est le fruit de trois années de recherches sur le théâtre dans les camps nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

     Ce travail traite principalement des camps en Allemagne, tout en y adjoignant trois exceptions : le ghetto de Theresienstadt, le camp de transit de Westerbork, ainsi que le camp d’Auschwitz-Birkenau. Selon la spécificité de chaque camp, les créations furent officielles ou clandestines, servirent à la propagande nazie ou au contraire œuvrèrent à mener une lutte contre le national-socialisme ou pour la survie des prisonniers. Ces différences de conditions permettent de comprendre pourquoi la création artistique a pu être plus prolifique dans certains lieux et beaucoup plus épisodique dans d’autres.

     C’est dans ces camps que les prisonniers et déportés, hommes et femmes, appartenant ou non au monde du spectacle, choisirent le théâtre pour s’exprimer, depuis le spectacle Cirkus Conzentrazani donné en août 1933 jusqu’au Kazet Théâtre ou à Zebra, deux troupes concentrationnaires donnant des pièces dans les camps dans les jours suivant la Libération, en 1945.

     Le travail s’appuie sur de très nombreux témoignages (une trentaine d’interviews réalisées expressément pour cette thèse), des archives (une vingtaine de pièces inédites et traduites pour ce doctorat) et des fonds privés (correspondances, manuscrits).

     Nous souhaitons tenter de dresser le portrait de ces créations théâtrales, qu’elles aient été imaginées, écrites, jouées, qu’elles soient parties en tournées ou non. Du cabaret satyrique à la revue décapante en passant par la réinterprétation des classiques ou des pièces autobiographiques, les créateurs des camps multiplièrent les styles. Mais parfois l’initiative fut si éloignée de nos attentes classiques du théâtre qu’il est délicat de parler de création théâtrale ou même de théâtre tout simplement. Au contact du camp, le théâtre se réinventa.

     Nous nous intéresserons aux réalités, aux enjeux et à la postérité de ces initiatives créées dans un environnement extrême qui remet en question la possibilité d’existence d’un quelconque théâtre mais aussi la survie même de l’homme. Une initiative de l’extrême qui n’aurait pas dû être. Un théâtre qu’il faudra observer en fonction de ce qui le détermine (les camps), mais aussi de l’aporie qui s’étend sur ses outils et ses moyens.

     Pourquoi et comment créé-t-on dans un camp ? Pour qui le fait-on ? 

Abstract

     This PhD is the result of 3 years of research on theater in the nazi camps.

     It deals mainly with the plays performed and written in the German camps, and three other camps: the Therensienstadt ghetto, the Westerbork transit camp, and the Auschwitz-Birkenau camp. Depending on the specificity of each camp, the creations were official or clandestine, and either served the nazi propaganda or contributed to the prisoners’ survival and resistance to national-socialism. Those differences in the living conditions enable us to understand why artistic creation was more prolific in some places.

     In those camps, male and female prisoners and deportees who did or did not belong to the world of show business, chose theater as a means to express themselves as early as August 1933 with the Cirkus Conzentrazani, and also after the war, with the Kazet theater or Zebra, two concentrationary theater troupes which performed plays in the camps during the days that followed the Liberation in 1945.

     This work explores the information contained in many interviews ( about 30 interviews which were conducted especially for this thesis), archives ( about twenty previously unpublished plays translated for this study), and private funds (letters, manuscripts).

     We wish to attempt to draw a portrait of these theatrical creations, whether they were imagined, written, performed in the camps or on tour. The initiative the prisoners took was often so remote from our traditional conception of theater that it is delicate to talk about theatrical creation or even theater.

     We will focus on what happened, what was at stake and the posterity of these initiatives created in an extreme environment which questions the very possibility of doing theater but also man’s survival. It was an extreme experience which should never have been.

Zusammenfassung

Die vorliegende Doktorarbeit ist das Ergebnis dreijähriger Forschung über das Theater in den Konzentrationslagern des Zweiten Weltkriegs.

     Dabei geht es hier vor allem um Lager in Deutschland,  mit drei Ausnahmen: dem Getto Theresienstadt, dem Durchgangslager Westerbork und dem Lager Auschwitz-Birkenau. Je nach Besonderheit des jeweiligen Lagers fand das künstlerische Schaffen offiziell oder im Verborgenen statt, diente der Nazipropaganda oder trug ganz im Gegenteil zum Kampf gegen den Nationalsozialismus oder zum Überleben der Gefangenen bei. Aufgrund dieser unterschiedlichen Bedingungen versteht man, warum das künstlerische Schaffen an manchen Orten ergiebiger war, an anderen sehr viel sporadischer stattfand.

     Die Gefangenen und Deportierten, Männer und Frauen, unabhängig davon, ob sie aus der Welt der darstellenden Künste kamen oder nicht, machten in den Lagern Theater, um sich zu äußern, von der Vorstellung Cirkus Conzentrazani im August 1933 an bis zum Kazet Theater oder Zebra, zwei KZ-Theatertruppen, die 1945 nach der Befreiung im Lager Stücke aufführten.

     Die Arbeit stützt sich auf zahlreiche Zeugenaussagen (aus etwa dreißig speziell für diese Doktorarbeit geführten Interviews), auf Archivdokumente (ungefähr 20 unveröffentlichte und für diese Doktorarbeit übersetzte Stücke) und private Bestände (Korrespondenz und Manuskripte).

     Die vorliegende Arbeit möchte ein Bild von diesen Theaterproduktionen zeichnen, ob sie nur ausgedacht, schriftlich fixiert oder gespielt worden waren oder als solche auf Tournee gingen. Vom satirischen Kabarett  bis hin zur ätzend-scharfen Revue über Neuinterpretationen von Klassikern oder autobiographische Stücke haben die in den Lagern schaffenden Künstler in vielen Stilrichtungen gearbeitet. Manchmal war das Unterfangen so weit von unseren klassischen Vorstellungen von Theater entfernt, dass es schwierig ist, von Theaterschaffen oder überhaupt von Theater zu reden. In Verbindung  mit Lager hat sich das Theater neu erfunden.

     Das Hauptaugenmerk  dieser Arbeit  richtet sich auf die Fakten, Probleme und Nachwirkungen dieser Unternehmungen, die in einem extremen Umfeld entstanden sind, das die Möglichkeit von Theater überhaupt, aber auch das Überleben von Menschen generell in Frage stellt. Unternehmungen in einer unglaublichen Extremsituation. Man muss dieses Theater unter dem Aspekt der Lagersituation, die es bedingte, betrachten, aber auch in Bezug auf das Dilemma hinsichtlich seiner Mittel und Möglichkeiten.

     Warum sind Menschen in einem Lager schöpferisch tätig – wie und für wen?