Katrin Gattinger Ruses à l’œuvre

En bref

Le 8 novembre 2019
à 14h00

L'Atelier (campus ALLSH, Université Aix-Marseille)
29 avenue Robert Schumann, 13100 Aix-en-Provence
salle n°3

Entrée libre

 

     Katrin GATTINGER soutient le vendredi 8 novembre 2019 son Habilitation à diriger des recherches en arts plastiques intitulée « Ruses à l’œuvre », et effectuée à l'Université d'Aix-en-Provence et avec le soutien de l'ACCRA.

Composition du jury

     Le jury est composé de :

  • Jean ARNAUD, professeur en arts plastiques à l'université Aix-Marseille (France)
  • Pierre BAUMANN, professeur en arts plastiques à l'université Bordeaux-Montaigne (France)
  • Christine BUIGNET, professeur en arts plastiques et sciences de l'art à l'université Aix-Marseille (France)
  • Nathalie DELBARD, professeur en arts plastiques à l'université de Lille (France)
  • Anna GUILLO, professeur en arts plastiques à l'université Aix-Marseille (France, garante)
  • Sandrine MORSILLO, professeur en arts plastiques à l'université Paris I (France)

Résumé

     L’habilitation à diriger des recherches en arts de Katrin Gattinger, soutenue fin 2019 à la Aix-Marseille Université (AMU) et dont la garante est Anna Guilló, se compose de trois volumes (rapport de synthèse, recueil des travaux et ouvrage inédit) d’environ 850 pages. La soutenance a eu lieu à l’Atelier de l’AMU où un ensemble des productions artistiques de Katrin Gattinger était exposé.

     L’ouvrage Ruses à l’œuvre (volume III, parution prévue à La Lettre Volée, Bruxelles, 2022), écrit pour l’occasion, interroge la relation de la ruse et de l’art à partir des analyses de cinq œuvres contemporaines de la discipline des arts plastiques pour lesquelles la ruse est partie prenante, voire constitutive. A travers ces analyses plusieurs parallèles et affinités entre l’art et les ruses sont soulevés (par exemple le principe de résistance, l’inconventionnel, le plaisir), mais aussi un ensemble de problématiques : comment penser l’art en termes de compétition ? Que signifie perdre ou gagner en art ou par l’art ? Que dire d’un objectif artistique, si l’art ne sert à rien ?  Comment apprécier une ruse, peu importe de quelle position on la regarde ? Pourquoi la ruse a souvent mauvaise presse en Occident et particulièrement en Europe ? Il s’agit plus précisément de détailler les modes opératoires artistiques et stratégiques des œuvres, de comprendre le contexte dans lequel ils agissent, les raisons et manières dont elles le font, les enjeux et effets de leur agir. Utilisant des médiums variés (performance, sculpture, vidéo, photo, installation, son) et faisant référence à des champs différents (histoire militaire, droit, marché de l’art, TV, géopolitique), chacune de ces œuvres propose un rapport singulier à la ruse : l’œuvre qui se joue du spectateur ; l’œuvre comme mécanisme de défense des intérêts de l’artiste ; l’œuvre comme modèle de stratagème pour le réel ; l’œuvre qui performe sa propre efficience ; l’œuvre faite d’arnaques. Chaque analyse convoque un ensemble de théoriciens de la ruse d’horizons et d’époques divers, ainsi qu’un appareil théorique spécifique relatif — selon les cas — aux stratégies du marketing ou de l’armée, par exemple.

     Dans les deux autres volumes de l’HDR, Katrin Gattinger expose – en s’appuyant sur ses publications, conférences et productions artistiques – comment la question du stratagème inhérent à l’œuvre agit dans ses recherches depuis les années 1995. Depuis son premier article sur les « fictions réelles » et « réalités fictives » inventées par des artistes qui plagient les stratégies économiques (La Voix du regard, 2001), en passant par sa thèse de doctorat (Orthèses – Figures de l’ajustement, 2007) avec les « orthèses artistiques de l’ajustement » qui proposent mimétisme et infiltration comme moyens pour renverser des normes, Katrin Gattinger a cherché à comprendre comment un discours, une forme, un geste (artistique ou non), agit indirectement sur les perceptions et donc les comportements. Les articles plus récents qui s’intéressent par exemple aux prises de vue clandestines (Intermédialités, 2018) et au discours latent et dissuasif du mobilier urbain (Regard sur le Paysage urbain, à paraître 2022), le montrent à leur tour. La manière des artistes de se saisir de ces non-dits « surpris » dans le réel et leurs manières de s’approprier ces mêmes méthodes pour créer des œuvres, est au cœur des recherches de Katrin Gattinger. Mais chaque méthodologie a un but. Celui des œuvres étudiées par elle, tout comme celui d’autres qu’elle réalise, est de montrer des alternatives, des voies de sorties même fictives. L’objectif n’est pas tant de « vaincre » (c’est impossible et peu pertinent), mais de convaincre que le possible nous appartient.

     Une quarantaine de pages du rapport de synthèse (Volume I) sont finalement consacrées aux méthodologies : celle de la recherche sur, en, avec mais surtout aussi par l’art qui articule théorie et pratique ; celle qui lie la pédagogie à la recherche et implique les étudiants dans des projets scientifiques et artistiques de l’équipe ; et celle de la présentation de la recherche dans des formats et espaces adaptés à la recherche en art.