David Bihanic « Sous l’horizon d’un projet ». Pratique et théorie du design : de sa collaboration avec les sciences de l’ingénieur à sa relation à l’architecture

En bref

 

Le 19 avril 2024
à 14h00

 Cryogénie - Espace de recherche-création (Université de Strasbourg)
(dans les Jardins du Palais universitaire)
3 rue de l'Université, 67000 Strasbourg

Entrée libre

 

     David BIHANIC soutient le vendredi 19 avril 2024 son Habilitation à diriger des recherches en design intitulée « Sous l’horizon d’un projet ». Pratique et théorie du design : de sa collaboration avec les sciences de l’ingénieur à sa relation à l’architecture », et présentée à l'Université de Strasbourg avec le soutien de l'ACCRA.

Composition du jury

     Le jury est composé de :

  • Nathalie DELBARD, professeur en arts plastiques à l'Université de Lille (France) - rapporteur
  • Pierre LITZLER, professeur en design à l'Université de Strasbourg (France) - garant
  • Daniel PAYOT, professeur émérite en philosophie de l'art à l'Université de Strasbourg (France)
  • Antonella TUFANO, professeur en sciences de l'art à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Ecole des arts de la Sorbonne (France) - rapporteur
  • Christophe VIART, professeur en arts plastiques à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Ecole des arts de la Sorbonne (France) - rapporteur

Résumé

     Le dossier d’Habilitation à diriger des Recherches (mention « Design ») présenté par David Bihanic se compose de deux principaux volumes : un rapport de synthèse intitulé « "Sous l’horizon d’un projet". Pratique et théorie du design : de sa collaboration avec les sciences de l’ingénieur à sa relation à l’architecture » (Volume #1 « Synthèse »), et un ouvrage inédit titré « Du gouvernement des formes. Essai sur l’architecture et le design » (Volume #2 « Inédit »). Ces deux documents sont complétés d’un dossier annexe composant un recueil de travaux (#3 « Annexe »). Enfin, s’adjoint à ces différents éléments une exposition de projets de design de données (data design) réalisés entre 2019 et 2024 — exposition tenue le jour de la soutenance le 19 mars 2024.

Résumé du volume « Synthèse »

Henri Maldiney de considérer dans « Vers quelle phénoménologie de l’art ? » (p. 439-456) que tout ce qui se révèlera essentiel, soit chargé de sens, de significations et de facto empli d’intérêts et de valeurs (et sans doute plus encore) pour Nous, procèdera d’une certaine relève, d’une découverte située non tout à fait au cœur mais bien plutôt dans l’entour ou périphérie (voire dans le « débordement ») d’un projet : « (…) le monde [écrivait-il] est le lieu d’un décel où tout acquiert sens d’être sous l’horizon d’un projet » ; en irait-il alors là de ce qui échappe et « ne se produit [conséquemment] pas à l’horizon d’une visée ou d’un projet » mais bien plutôt se manifeste, apparaît en deçà (et non au-delà ni par-delà) des lointains que trace ce dernier, comme à l’écart ou à distance de son dessein et tout à la fois pris, emporté dans le « mouvement » qu’il engage. En d’autres mots, reviendrait-il, pour Maldiney, de signaler que si du projet existe, pouvant s’avérer complètement nécessaire et utile, il ne doit s’en trouver pour autant restreint ou réduit à son seul « point » de destination mais davantage regardé, approché, apprécié ou considéré au travers de la trajectoire qu’il ouvre (du projet au trajet), des divers chemins ou passages qu’il ménage — s’y logeraient (hypothétiquement) de vastes champs de possibilités, de potentialités et d’opportunités n’attendant qu’à être débusquées, décelées.

     A bien y regarder, ce que le philosophe nous livre ici a rapport d’assez près avec ce que le design aura tenté, essayé de faire, de penser. En effet, si le Projet entendu comme démarche, méthode ou encore Culture lui sied dans une large mesure, il conviendra de noter que le design se sera évertué, et ce depuis ses débuts, à s’en détacher ou, à tout le moins, à s’en éloigner un peu, un temps, faisant route, « promenant » (d’une part) « sous l’horizon » de ce qu’il continuera (d’autre part) à projeter.

     Dans le cadre de ce premier volume, je m’attache à préciser, sur les plans notamment épistémologique et praxéologique, ce que recouvre cette manière ici toute particulière qu’a le design d’avancer, de progresser — fort de ses échanges (pratiques) [plus souvent de ses frottements] avec les Sciences de l’ingénieur, également de ses liens et rapports (principalement conceptuels et théoriques) avec l’Architecture. Pour ce faire, je procède à une « rétro-analyse » de cas et situations de projets qu’il m’a été permis de rencontrer au cours de mon parcours de designer-chercheur, tant en qualité de « porteur (de projet) » que de « collaborateur ». En sus, je relie ces cas et situations aux différentes recherches, études et analyses qu’il m’a été donné de produire et de publier (ouvrages, chapitres d’ouvrages, articles, pour certains extraits d’actes de colloques et conférences) ayant trait, d’une part, au rôle et domaine/terrain d’action du design en collaboration « experte » et, d’autre part, à ses visées, apports et singularités de vue (en tant que champ et spécialité à part entière). Aussi, revient-il donc dans ce document d’accorder une synthèse d’ordre égo-historique à un « regard » et propos que je dirais plus spéculatif, ceci s’avançant en contribution à une épistémè des principaux « trajets » (et parfois tribulations) du design en projet.

Résumé du volume « Inédit »

     L’architecture et le design partagent un même souci des formes, tous deux les considérant moins pour ce qu’elles sont que pour ce qu’elles peuvent, pour ce qu’elles engagent et ouvrent comme possibilités. N’aspirant pas à avoir empire sur elles, ils assumeraient, l’un et l’autre à leur manière, de gouverner les formes, au sens d’un ménagement (das Schonen), pour que dérivent d’elles tant l’apparence que l’utilité de bâtiments, d’objets nouveaux entre autres choses.

     Au sein de cet essai (composant le second volume), je m’attelle à clarifier la contribution commune de l’architecture et du design au dessein des formes, précisant en quoi celle-ci s’avèrerait tout entière retenue à un accomplissement.

Abstract

     The Habilitation thesis to Supervise Research (‘Design’ speciality) defended by David Bihanic gathers two main documents: a first one summarizing his previous work and research experience (in French, “Rapport de synthèse”) entitled "Under the horizon of a project". Design practice and theory: from its collaboration with engineering sciences to its relationship with architecture” (document #1), and an unpublished work (in French, “Inédit”) titled “Governing forms”. An essay on architecture and design” (document #2). These two core documents are complemented by an appendix folder (#3 “Appendices”) comprising a collection of research studies, as well as an exhibition of data design projects carried out between 2019 and 2024 – said exhibit was held the day of his thesis defense (March 19, 2024).  Hereafter, the abstracts of the two main documents, “Rapport de synthèse” (document #1) and “Document Inédit” (document #2), composed by David Bihanic.

Abstract “ Rapport de synthèse”

     In a text titled “Vers quelle phénoménologie de l'art?” (439-456), French philosopher Henri Maldiney argues that all things we are inclined to consider essential are the result of a discovery not quite at the "heart" of a project, but rather in its "surroundings" or "periphery" (or even in its "overflow"). Here is an original quotation (in French): “(…) le monde est le lieu d’un décèl où tout acquiert sens d’être sous l’horizon d’un projet” (in English « the world is a place of discovery where everything takes on meaning under the horizon of a project”). This main idea refers to what escapes to all kinds of predictive insights and so does not occur “in the horizon of a project”, but rather appears beyond the distances traced by the latter, as caught up and carried away in the "movement" it engages. In other words, Maldiney points out that, even if every project has to be useful and necessary, it should not be reduced to its single "point" of destination, but rather considered through the "trajectory" it opens — therein lie (hypothetically) vast fields of possibilities, potentialities and opportunities just waiting to be uncovered, detected.

     If you look closely, what the philosopher has to say here has a lot to do with what design (as discipline) has tried to achieve and think.  Indeed, while the Project (with a capital ‘P’ understood as an approach, method or culture) is to a large extent suited to it, it should be noted that design has, since its very beginnings, endeavored to detach itself from what it imposes (its limits and constraints), and so to make its own way “under the horizon”.

     In this first document, I look at the epistemological and praxeological aspects of the very particular way in which design moves forward — on the strength of its (practical) exchanges with the engineering sciences, as well as its (mainly conceptual and theoretical) links/relationships with architecture. To this end, I carry out a “retro-analysis” of key project situations that I encountered in the course of my career as a designer-researcher, both as a "project holder" (or lead designer) and as a “collaborator”. In addition, I relate these experiences to the various research projects, studies and analyses I produced and published (books, book chapters, articles, some excerpts from symposium and conference proceedings) dealing, on the one hand, with the role and scope for design in 'expert' collaboration and, on the other, with its aims, contributions and singularities of view (as a field and specialty in its own right). In short, this initial document combines an “ego-historical” synthesis with a more “speculative" and theoretical statement, as a contribution to an episteme of the main "paths" of design " into the world of projects".

Abstract “Document Inédit”

     Architecture and design share the same concern for forms, both considering them less for what they are than for what they can, for what they engage and open up as possibilities. Not aspiring to “dominance” over them, they would both assume, in their own way, to govern forms, in the sense of a “careful” treatment (das Schonen, in reference to the Heideggerian terminology), so that the appearance as well as the usefulness of new buildings and objects, among other things, derive from them.

     In this essay (refers to the second volume), I endeavor to clarify the common contribution of architecture and design to the “purpose” of forms, specifying how this would in turn lead to an accomplishment.