Clément Canonne Improvisation, processus de création, action collective

En bref

 

Le 15 novembre 2021
à 14h00

Institut Le Bel (université de Strasbourg)
4 rue Blaise Pascal, 67000 Strasbourg
salle Ourisson

Entrée libre

 

     Clément CANONNE soutient le lundi 15 novembre 2021 son Habilitation à diriger des recherches en musicologie intitulée « Improvisation, processus de création, action collective », et présentée à l'Université de Strasbourg avec le soutien du CREAA et de l'ACCRA.

Composition du jury

     Le jury est composé de :

  • Alessandro ARBO, professeur en musicologie à l'université de Strasbourg (France) - garant
  • Laurent CUGNY, professeur en musicologie à Sorbonne Université (France) - rapporteur
  • Maya GRATIER, professeur en psychologie du développement à l'Université Paris Nanterre (France) - rapporteur
  • Hyacinthe RAVET, professeur en sociologie de la musique à Sorbonne Université (France)
  • François RIBAC, maître de conférences HDR en sociologie à la Burgundy School of Business (France)
  • Bernard SEVE, professeur émérite en esthétique et philosophie de l'art à l'université de Lille (France) - rapporteur

Résumé

     Cette thèse d’Habilitation à Diriger des Recherches rassemble, sous le titre général « Improvisation, processus de création, action collective », un mémoire de synthèse, intitulé « L’improvisation collective libre : du contre-modèle au laboratoire », un ouvrage inédit, intitulé « La lutherie des improvisateurs », ainsi que la plupart des travaux que j’ai publiés ou co-publiés sur le thème de l’improvisation entre 2010 et 2021.

     Mes recherches prennent essentiellement appui sur la pratique de l’improvisation collective libre – cette forme de création musicale dans laquelle des musiciens improvisent conjointement sans le secours d’une structure musicale préexistante, explicitement partagée au sein du groupe. Tout au long de mon travail, je me suis attaché à considérer cette pratique à la fois pour elle-même – en cherchant à identifier les stratégies de coordination et les ressources cognitives qui permettent aux musiciens d’effectivement improviser librement ensemble – et pour son potentiel heuristique – en faisant fonctionner l’improvisation libre comme un laboratoire pour interroger l’action collective, la communication non-verbale, ou la nature des processus créateurs.

     L’ouvrage inédit que je présente prolonge cette démarche. A partir d’un examen des opérations de lutherie et d’altérations instrumentales qui traversent le monde des musiques improvisées, je m’efforce de poser les premiers jalons d’une analyse des pratiques musicales au prisme de l’instrument. Je montre ainsi que les instruments font à la fois partie de l’environnement matériel de l’instrumentiste et de ses processus cognitifs ; que les instruments ne sont pas de simples réceptacles passifs, mais disposent également d’une forme d’agentivité, que ce soit à l’échelle de la performance musicale ou à l’échelle, plus longue, d’un parcours artistique ; et, finalement, que les instruments permettent de proposer une cartographie alternative des pratiques musicales, qui ne repose pas tant sur des critères stylistiques ou esthétiques que sur des types d’engagements matériels.

Abstract

     This Habilitation thesis gathers, under the general title "Improvisation, creative process, collective action", a manuscript summarizing my previous work, entitled "Free collective improvisation: from counter-model to laboratory", an unpublished book, entitled "The lutherie of improvisers", as well as most of the works I have published or co-published on the theme of improvisation between 2010 and 2021.

     My research is primarily based on the practice of free collective improvisation – a form of musical creation in which musicians improvise jointly without the aid of a pre-existing musical structure, explicitly shared within the group. Throughout my work, I have sought to consider this practice both for its own sake – by seeking to identify the coordination strategies and cognitive resources that allow musicians to effectively improvise freely together – and for its heuristic potential – by using free improvisation as a laboratory for questioning collective action, non-verbal communication, or the nature of creative processes.

     The unpublished work I present extends this approach. Starting with an examination of the many lutherie operations and instrumental alterations that can be found within the world of improvised music, I try to lay the groundwork for a more general analysis of musical practices through the prism of the instruments. I thus show that instruments are both part of the performers’ material environment and of their cognitive processes; that instruments are not mere passive receptacles, but also have a form of agentivity, whether on the short scale of a given musical performance or on the longer scale of an artistic journey; and, finally, that instruments allow us to propose an alternative cartography of musical practices, which is not so much based on stylistic or aesthetic criteria as on types of material cultures.