En bref...
Ce séminaire, organisé par Vivien PHILIZOT, Sophie SUMA et Simon ZARA, et avec le soutien de l'ACCRA, de la Faculté des Arts de l'université de Strasbourg, de l'UR 7309 AMUP, de l'UMR 7117 AHP PREST et de l'ITI LETHICA, dans le cadre du séminaire interdisciplinaire Transversal Master I, traite, au cours de séances de travail, différents aspects de la thématique pour lesquels sont éventuellement invités des intervenants extérieurs. Une inscription préliminaire (sur la plateforme Moodle) est obligatoire pour participer au séminaire.
Si notre rapport au monde passe en grande partie par des images, celles-ci constituent autant d’intermédiaires dans nos relations sociales que de façons de nous représenter, de penser et d’imaginer notre environnement. Ces entités flottantes – tour à tour images mentales, processus de perception, métaphores littéraires, inscriptions graphiques, icônes, indices, signaux visuels, entre autres – semblent assignées à certains usages prédéterminés au sein des méthodes de construction des savoirs. En fonction de la discipline, l’image peut être objet d’étude, support d’une hypothèse, vérification visuelle de données, illustration, complément d’un texte ou encore outil d’investigation. Mener et formuler une recherche reviendrait ainsi à distribuer et ratifier ou reconnaître une hiérarchie entre image et texte. Mais les images ont certainement de nombreux autres usages à offrir en dehors des fonctions historiques que les disciplines leur ont assignées. Comment imaginer d’autres modalités de recherche avec ou par les images ?
Ce séminaire nous donne l’occasion de réfléchir à la place, au rôle et au statut des images dans la recherche scientifique. La place des images dans le travail scientifique est un sujet de préoccupation relativement récent, comme le soulignent les directeurs de la Revue française des méthodes visuelles, une revue qui vise à « donner à voir, mutualiser et légitimer l’usage des méthodes visuelles dans le champ scientifique » (Bouldoires et Reix 2017). Si l’image scientifique est interrogée depuis plus d’une vingtaine d’années par l’histoire et la philosophie des sciences ou l’anthropologie (Bredekamp, Dünkel, et Schneider 2015; Latour 1985; Lynch et Woolgar 1990; Pauwels 2005), et a par ailleurs été confrontée aux pratiques artistiques (Galison et Jones 1998), il reste beaucoup à dire de la manière dont, au sein de la recherche, les images opèrent, non pas comme des productions finalisées, mais comme des outils, des moyens ou des médias.
Que fait l’image au sein d’une recherche scientifique, notamment dans le champ des études visuelles ? Comment installe-t-elle un mode discursif, voire un mode d’existence des objets de recherche singulier ? Comment permet-elle de mettre en évidence ce que par ailleurs les textes ne permettent pas toujours de faire passer ou d’exprimer ? Qu’est-ce que ces deux régimes sémiotiques (la description et la dépiction) ont-ils à se dire ?
Il s’agira moins de valoriser les images comme moyens de mener des études alternatives que de réévaluer leur statut. Plus que des objets d’étude, les images peuvent être conçues aussi bien comme moyens que comme fins de la recherche universitaire au sein de recherches qui peuvent par moments prendre la forme d’une image ou d’un agencement d’images. Du moins si l’on s’accorde à penser que les images sont autant d’agents avec lesquels nous pouvons dialoguer. D’Aby Warburg à Forensic Architecture, de nombreux exemples issus de traditions de recherche très différentes seront abordés au cours des séances.