Journée d'études « Le grand renversement : images, médias, populismes » 4 avril 2025

Sommaire

En bref

Le 4 avril 2025
De 10h00 à 16h30

Misha (Université de Strasbourg)
5 allée du Général Rouvillois, 67000 Strasbourg
salle de Conférence

Tram C/E/F arrêt Observatoire

Entrée libre

 

     Journée organisée par Antoine HOFFMANN et Simon ZARA, avec le soutien de l'ACCRA, dans le cadre du champ de recherche « Pratiques et politiques visuelles ».

     Bien avant l’intronisation du duo Trump/Musk à la tête des États-Unis le 20 janvier 2025, la montée d’une vague populiste-nationaliste pouvait s’observer autant en Europe (Marine Le Pen, Giorgia Meloni, Viktor Orbán, Nigel Farage…) que dans le reste du monde (Javier Milei, Narendra Modi…). Et malgré le retrait de certains de ses représentants (au Brésil, en Pologne…), un conflit ontologique profond semble s’être installé, tant les acceptions de notions fondamentales – comme « démocratie », « liberté » ou encore « peuple » – sont aujourd’hui divergentes, voire même antagonistes.

     Dans un tel contexte, cette journée d’études propose d’analyser les fonctions sociales des images et des médias qui soutiennent et diffusent pareilles idéologies. En ménageant des régimes de visibilité exclusifs et en polarisant les discussions à l’aide d’algorithmes, certains médias détenus par une poignée d’individus valorisent les vérités alternatives sous couvert d’une liberté d’expression totale et libertarienne. En conséquence, le champ lexical propre à l’extrême droite s’impose dans les débats publics et des termes habituellement maintenus en-dehors du champ médiatique – « identité », « grand remplacement », « ensauvagement », « immigrationnisme » – constituent la nouvelle norme : il s’agira dès lors d’observer comment les images circulent, influencent et agissent, comment elles instaurent un monde renversé, dans lequel le vrai serait un moment du faux.

     Qu’on le nomme « post-fascisme », « micro-fascisme » ou encore « pop-fascisme », force est de constater que le fascisme s’incarne sous des formes contemporaines hétérogènes et multiples. Celles-ci s’accordent sur leur capacité à se prémunir de toute disqualification publique en mettant en œuvre ce que nous nommons ici, non sans un brin d’ironie, un « grand renversement » sémantique des valeurs communes. Face à la mainmise culturelle et à la défiance affichée de ces mouvements envers les valeurs scientifiques et académiques, penseur·es, artistes et chercheur·es se doivent d’imaginer et de co-construire des horizons alternatifs viables. Dans le cadre des cultures visuelles, il s’agira alors d’étudier le phénomène suivant : dans certains régimes médiatiques, regarder une image n’est plus considéré comme la confrontation à une altérité, mais davantage comme une confortation idéologique. Comment le « kiosque mondial de l’information » produit-il paradoxalement un isolement intellectuel ?