Demi-journée d'études « Images coréennes contemporaines : Résurgence et survivance du passé » 22 octobre 2018

Sommaire

En bref

 

Le 22 octobre 2018
de 09h00 à 13h00

Maison de l'Image
31 rue Kageneck, 67000 Strasbourg

Entrée libre

 

     Demi-journée organisée par Nathalie BITTINGER et Daphnée GUERDIN, avec le soutien de l'ACCRA, de la Faculté des Arts (université de Strasbourg) et de Vidéo les Beaux jours.

     La fin des années 1980 a vu naître l’émergence de la « Nouvelle Vague » coréenne au cinéma, conséquence de la démocratisation du pays. Dans le sillage de ce renouveau cinématographique, les thèmes abordés par les œuvres recélaient une dose de subversion jusque-là inédite (idéologies progressistes, remise en cause du gouvernement et des valeurs traditionnelles, etc.). Prenant acte de la fin d’une longue période de censure et de répression, les réalisateurs coréens pouvaient enfin revenir sur le passé tourmenté de leur pays, comme dans Chilsu et Mansu (1988) de Park Kwang-su ou L’Age du succès (1988) et A Petal (1996) de Jang Sun-woo. Toutefois, la subversion thématique des années 1980-1990 ne s’accompagnait pas encore d’une réelle émancipation formelle : en perpétuant un certain nombre de structures classiques (tel l’usage du montage), la première « Nouvelle Vague » portait en elle une sorte d’inachèvement, tout en ouvrant la voie à des recherches plus abouties ou originales.

     Or, les années 2000 ont été le théâtre d’une maturation du cinéma coréen, à travers un travail stylistique plus prononcé chez certains cinéastes de cette période. Le passé coréen est dès lors revisité à l’aune de problématiques contemporaines, historiques et esthétiques. Par exemple, la marginalité des laissés-pour-compte s’incarne dans la fixité des cadrages (Sympathy for Mr Vengeance, 2002, Park Chan-wook) ou dans l’errance de personnages plongés dans des environnements sinistres, teintés par leur subjectivité (Pietà, 2012, Kim Ki-duk). La mémoire traumatique et l’amnésie s’entrechoquent dans le montage et le démontage des temporalités (Old Boy, 2003, Park Chan-wook). La mise en cause des récits officiels et la réécriture de l’Histoire passent par l’éclatement de la narration en plusieurs versions concurrentes (Mademoiselle, 2016, Park Chan-wook). La tension entre confucianisme et capitalisme se rejoue via le cinéma de genre (Dernier Train pour Busan, 2016, Yeon sang-ho) ou au détour d’une narration fondée sur l’exacerbation d’incidents réels (la créature de The Host, 2006, Bong Joon-ho, engendrée par l’écoulement de produits toxiques dans le fleuve Han). D’autres cinéastes encore, comme Hong Sang-soo, déploient une approche ethnographique du réel en filmant le quotidien coréen dans un style très épuré, ou jouent de la permutation narrative en déconstruisant les rouages des intrigues traditionnelles.

     Cette journée d’étude a pour vocation de questionner ce perpétuel surgissement du passé dans le présent, au cœur des images coréennes contemporaines et des mutations esthétiques qui les secouent.