Exposition « In situ, soirée festive » 20 novembre 2015

Sommaire

En bref

Le 20 novembre 2015
de 19h00 à 22h00

Patio (université de Strasbourg)
22 rue René Descartes, 67000 Strasbourg
espaces communs

Entrée libre

 

     Exposition organisée par Katrin GATTINGER, Thibault HONORE et Gérard STARCK, avec le soutien de l'ACCRA, de la Faculté des Arts de l'université de Strasbourg, du SUAC de l'université de Strasbourg, de l'IdEx de l'université de Strasbourg et de la HEAR, dans le cadre du workshop « In situ - Un lieu, des projets » qui a eu lieu du 16 au 20 novembre 2015 au Patio (université de Strasbourg).

     Cette exposition présente les projets artistiques (performances, installations, projections, œuvres sonores) à partir et pour le bâtiment du Patio conçus et réalisés lors du workshop « In situ - Un lieu, des projets » par l'équipe composée d'enseignants et d'artistes de la HEAR (Jean-François Gavoty, Ilana Isehayek, Francisco Ruiz de Infante, Jérôme Saint-Loubert Bié, Gérard Starck) et de la Faculté des arts de l’Université de Strasbourg (Katrin Gattinger, Thibault Honoré), ainsi que d'étudiants de la HEAR (Sophie Balkanski, Maurin Bonnet, Nicolas Brunelle, Eunjin Shin, Vincent Gallais, Anna L’Hospital, Sandy Kalaydjia, Jeanne Vrastor, Iwan Warnet, Wenshu Xia) et de la Faculté des arts de l'Université de Strasbourg (Ines Ben Brahim, Nicolas Biron, Camille Bruat, Stefania Glezos, Inês Lana Gastelois, Olivia Pino, Kateryna Prostrila, Hélène Ruff, Ferdinand Stéphane-Coldefy, Alice Tariant).

     Comme s’il s’agissait de démontrer que « L’art vit de contraintes et meurt de liberté », certains étudiants ont pris pour point de départ les réglementations liées à cet espace public : ceux par exemple qui ont rendu visibles, non sans humour, les limitations des espaces disponibles ou indisponibles pour accueillir leurs créations, ou celui qui a recomposé une narration à partir des panneaux signalétiques du Patio.

     D’autres ont proposé des approches de l’espace en relation avec l’architecture : par exemple de petites compositions éphémères faites de rebus, rendues vivantes grâce à la respiration de ballons gonflés, des pieds de nez dérisoires adressés à l’architecture grandiose du bâtiment. Pour certains des étudiants-artistes c’était moins l’architecture elle-même que la perception de celle-ci qui a prévalu : comment puis-je percevoir le lieu que je fréquente et vouloir rendre visible cette perception ? Une des étudiantes a voulu révéler l’idée même de point de vue en focalisant le regard du visiteur sur des éléments précis qui apparaissaient ou disparaissaient au gré des déplacements de celui-ci ; une autre a cherché à déployer les couleurs qu’elle s’imaginait voir au travers les fenêtres afin de susciter une perception de l’espace plus positive ; une troisième a souligné le furtif reflet de l’édifice d’en face, le nouveau Patio, sur la surface noire des murs de l’amphi Cavaillès, rappelant ainsi l’extérieur à même les murs de l’intérieur. D'autres encore ont cherché à faire écouter aux passants les bruits amplifiés de leurs propres pas, ou encore mettre en place une vaste installation de câblages et capteurs pour composer en live une musique à partir des sonorités que le bâtiment lui-même émettait.

     Créer à partir de l’histoire de l’Université de Strasbourg était le point de départ pour une installation accompagnée d’une performance poétique. Toutes deux étaient pensées en référence au pamphlet politique De la misère en milieu étudiant considérée sous ses aspects économique, politique, psychologique, sexuel et notamment intellectuel et de quelques moyens pour y remédier rédigé par des étudiants strasbourgeois et membres de l’Internationale situationniste en 1966 - qui a préparé le terrain pour mai 68 dont le Patio était le témoin un an après son inauguration.

     Puis, il y avait les propositions artistiques faites au gré des rencontres : inciter les passants à intervenir dans leur langue maternelle sur les murs de l’amphi et partager par-là les textes les plus importants à leurs yeux de leur culture ; rester simplement là, disponible sur une planche de bois, ouvert à ce qu’il adviendra ; créer une performance dont les modèles sont les mouvements anodins des passants observés et enregistrés, la réitérer telle une chorégraphie aux figures imposées ; réaliser un vœu cher aux étudiants croisés les premiers jours : organiser une énorme couette-party ; ou simplement attendre que le temps passe en tressant une corde inlassablement durant 5 jours - enregistrement du temps consacré à l’ouvrage - (Noeuds des pensées et des impressions passées).

     Durant cette exposition les étudiants ont accueilli le public pour partager avec lui leurs créations. Ils lui  ont distribué des tranches de pain de mie sur les marches de l’entrée, comme d’autres des flyers : à chacun de parcourir l’espace pour aller trouver les ingrédients pour son sandwich aux points d’approvisionnement repartis sur les centaines de mètres carrés à proximité des propositions artistiques. Une tactique pour attirer l’attention et inciter à cheminer de lieu en lieu. Mais rares sont ceux qui ont remarqué ce soir-là les délicats découpages en papier en forme d’impacts de balles collés aux fenêtres : seul rappel – sans complexe de littéralité – du contexte politique présent dans tous les esprits, un contexte qui avait agi fortement sur certains des projets initiaux.

     C’était un vendredi soir, une semaine après que d’autres jeunes gens se soient faits massacrer à Paris en écoutant un concert, en buvant un verre en terrasse.

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