Colloque « Ecrire pour des images et des sons, écrire en images et en sons » II 15 et 16 avril 2022

Sommaire

En bref

 

Du 15 au 16 avril 2022
de 09h00 à 19h00 (le 15 avril)
de 09h30 à 13h00 (le 16 avril)

Ecole des arts de la Sorbonne - Centre Saint Charles (Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne)
7 rue des bergers, 75015 Paris
salle 250

Entrée libre

 

     Colloque organisé par Macha OVTCHINNIKOVA et Caroline SAN MARTIN, avec le soutien de l'ACCRA, de l'UR 7539 Institut ACTE (université Paris 1 Panthéon Sorbonne) et le Groupe de recherche et d’essai cinématographique GREC. Ces deux journées suivent une première journée qui a eu lieu à Strasbourg le 28 mars 2022.

     Dans ce colloque, nous nous intéressons à la façon dont l’écriture se pense dans un cadre spécifiquement audiovisuel, à la manière dont le texte, les images et les sons se lient dans une affection réciproque qui font dévier l’écrit et l’écrivain au sein même du processus d’écriture. En d’autres termes, comment l’écrit investit-il le support auquel l’histoire se destine ; et, dans le même temps, comment le support affecte-t-il l’écriture ?

     Nous proposons de prendre le problème de l’écriture sous un angle nouveau. Nous savons que le scénariste n’est pas littérateur ou romancier. A la formulation négative, nous souhaitons ajouter des propositions affirmatives en explorant les postures de ceux qui font et analysent les histoires audiovisuelles, de ceux qui expérimentent d’autres voies que celles de l’écrit, qui inventent d’autres filiations pour le récit filmique, qui convoquent d’autres formes que celles proposées par une pensée verbale. Sans pour autant nier les héritages des réflexions sur le récit, sa dramaturgie ou encore l’apport de la narratologie, sans pour autant déconsidérer les témoignages de distanciation, il s’agit de rendre visibles des formes, peut-être, plus proches du filmique et, avec elles, de découvrir des revendications pour une spécificité dans l’écriture. Ce faisant, il sera possible de faire appel à des études comparées, car c’est aussi par reprises et par décalages que des configurations nouvelles apparaissent. Il s’agira enfin d’explorer les écritures sérielles, délinéarisées, VR, etc., afin d’interroger comment la place du support se pense et est pensée.

     Ces questions nous semblent pertinentes aujourd’hui pour trois raisons précises qui sont les différents axes que nous proposons pour ce colloque :

  • la question de la « délinéarité » ;
  • le travail de l’écriture visuelle et sonore ;
  • les écritures expansives.

     La première de ces deux dernières journées du colloque abordera le travail de l'écriture visuelle. Dans bon nombre des manuels plus ou moins savants sur la dramaturgie, la notion d’un travail autour de l’écriture visuelle (qui, par convention, englobe image et son) est présente. Elle l’est tout autant dans les fiches de lecture qui peuvent être rédigées par les équipes de production et de distribution au moment où le travail est encore en développement. Qu’entendons-nous alors par cette idée d’écriture visuelle ? Comment le récit pose-t-il ses exigences formelles ? Comment s’en nourrit-il ? Est-ce que ces formes sont uniquement destinées à faire exister l’univers du récit comme pourrait le faire la description du roman, ce que Stephen King appelle « la réalité sensorielle » de l’univers fictionnel ? Si le scénariste est aussi cinéaste, cette écriture visuelle pourrait-elle être en lien avec le support ? Est-ce que, par exemple, le choix du 35 mm pour Jackie (Pablo Larraín, 2016) s’affirme dès la rédaction du scénario ? Comment penser l’écriture de Barbara qui mêle les images d’archives au film de Mathieu Amalric (2016) ? S’il ne s’agit pas de scènes déjà différentes par nature (références au passé) ou bien distinctes car figurant dans un cahier B, c’est-à-dire dans un à-côté du script officiel, comme l’ouverture de De battre mon cœur s’est arrêté de Jacques Audiard (2005), comment peuvent-elles être intégrées au scénario ? Et que dire des séquences qui ont la particularité de couper avec l’esthétique engagée par le film pour fonctionner telles des fictions dans la fiction à l’image du film expérimental Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez (2018) ? Comment penser une narration à partir des phénomènes visuels présents dans les images de vidéo surveillance et indépendants de la volonté du cinéaste palestinien Kamal Aljafari dans An Unusual Summer (2020) ? Est-il possible que le support filmique dicte une écriture narrative singulière et innovante qui se déploie depuis la texture même des images et des sons ?

     La dernière journée abordera quant à elle les écritures expansives. La présence de mood board notamment dans les projets VR et les vidéos 360° est désormais chose courante dans les dossiers de production. Ces derniers proposent d’autres éléments visuels, et non plus uniquement écrits pour présenter un projet. La question du support de tournage et de diffusion s’impose ainsi dès les prémisses de l’écriture scénaristique. Il s’agira de discuter de ces formes nouvelles d’écritures adossées aux innovations technologiques. Nous nous intéresserons également aux objets singuliers où l’écriture déborde et se déploie sur différents supports. C’est le cas d’une œuvre cinématographique monumentale menée par Ilia Khrjanovski, Dau (2018). Au cours de sa réalisation, le scénario de long métrage prend une ampleur considérable, le décor monumental d’un institut soviétique devient un lieu de vie et de performance d’acteurs et d’amateurs, et le tournage s'étend sur trois ans. Le projet d’origine s’incarne alors dans quatorze long-métrages, trois séries, des vidéo performances, des concerts et films scientifiques et dans un vaste espace d’exposition déployé entre le Théâtre du Châtelet et le Théâtre de la Ville. En dépassant les propositions qui s’inscrivent dans un cadre cinématographique, peut-on considérer des fonctionnements d’écriture pouvant venir enrichir notre façon de penser les formes à donner au scénario ?