Colloque « Des marches et des routes, démarches et déroutes, de la marche dans les arts du spectacle » 19, 20 et 21 octobre 2020

En bref

 

Du 19 au 21 octobre 2020
de 14h00 à 18h00

Misha (université de Strasbourg)
5 allée du Général Rouvillois, 67000 Strasbourg
salle de Conférence

Tram C/E/F arrêt Observatoire

Entrée libre

 

     Colloque organisé par Sylvain DIAZ et Guillaume SINTES, avec le soutien de l'ACCRA, de la Faculté des arts (université de Strasbourg), du département Arts du spectacle (Faculté des arts), du SUAC (université de Strasbourg), du Maillon et de l'Association des chercheurs en danse dans le cadre de la Résidence « Déroutes chorégraphiques avec Mathilde Monnier » organisée du 27 janvier au 21 octobre 2020.

     Dans le cadre de la résidence de Mathilde Monnier à l’Université de Strasbourg (de janvier à mai 2020) dont la thématique portera sur la marche, nous souhaitons explorer ce geste, « degré zéro du mouvement », dans le champ artistique – tout particulièrement, celui très vaste des arts du spectacle (cirque, danse, improvisation, marionnettes, opéra, performance, théâtre, théâtre de rue, théâtre d’objets, etc.) – en envisageant sa dimension non pas seulement poétique mais aussi politique. Loin de l’injonction « en marche ! », comment la marche, en apparence si simple, peut-elle se faire démarche ? comment la route, même droite, devenir déroute ?

     Qu’elle soit pacifiste ou militaire, militante ou fasciste, blanche ou festive, qu’elle relève de la reconnexion avec l’intime ou de l’expérience du collectif, de l’activité physique intense ou de la flânerie, qu’elle se fasse défilé ou carnaval, la marche est le lieu de toutes les manifestations et de tous les paradoxes. Marcher seul, ensemble, pour, contre, sur, avec… De récents travaux dans les domaines de la sociologie (David Le Breton) et de l’histoire culturelle (Antoine de Baecque) ont apporté des éclairages sur les usages de cette activité qui « fait l’Homme ». Les arts du spectacle se sont saisi de ce geste pour proposer de possibles réinventions « d’une tradition pédestre » sur scène ou in situ, faisant de la marche le matériau d’œuvres expérimentales, performatives, parfois proches de mouvements du quotidien, ou qui ont pu s’incarner dans des formes clairement militantes, politiques.

     C’est cette approche qui a notamment guidé, en 2002, la chorégraphe Mathilde Monnier : « Cette chorégraphie, Déroutes, inspirée par le Lenz de Büchner, faisait de la marche un élément fondateur et constitutif du mouvement des treize danseurs qui se déployaient sur scène. Marcher et danser, ou marcher vers la danse, ces deux modes d’être au monde apparemment antagonistes venaient dialoguer et formaient le soubassement du spectacle. Marcher, n’est-ce pas déjà danser ? […] Forme apparemment égalitaire, elle s’apparente à une présence directe des corps, qui permet à chacun, danseur ou non-danseur, de partager un plateau remettant en cause la notion même de représentation. Beaucoup de chorégraphes et danseurs ont marché dans leur studio, sur scène, dans l’espace public, dans les musées... ».

     Adoptant le point de vue tant du créateur que du spectateur, on pourra approcher la marche de différentes façons :

  • la marche comme motif thématique : quelles œuvres en font un argument fictionnel puissant ? comment s’en emparent-elles ?
  • la marche comme processus de création : comment engage-t-elle de manière singulière le travail de chorégraphie ou de mise en scène, d’interprétation ou de performance ? induit-elle nécessairement une détermination in situ de l’œuvre ?
  • la marche comme dispositif esthétique : du défilé au stationendrama, comment informe-t-elle la conception même des œuvres ?
  • la marche comme enjeu éthique : en quoi témoigne-t-elle d’un projet individuel, d’un contrat avec soi-même ?
  • la marche comme démarche politique : comment les arts du spectacle font-ils manifestation ?

     Ces approches ne sont que des invitations à s’emparer de ce motif dans toutes ses déclinaisons – balade, déambulation, excursion, trajet, etc. –, sous une forme non nécessairement académique : le sujet de ce colloque encourage en effet à renoncer à la station assise, voire à sortir des amphithéâtres pour arpenter un paysage et parler de la marche en marchant. Les propositions de communication, mais aussi d’ateliers pratiques, pourront à cette fin mentionner des souhaits ou des opportunités que les organisateurs prendront en considération, sans garantir de pouvoir les honorer.