En bref
Du 1 octobre 2014 au 2 octobre 2014
de 09h00 à 18h15
Misha (université de Strasbourg)
5 rue du Général Rouvillois, 67000 Strasbourg
salle de Conférence
Tram C/E/F arrêt Observatoire
Entrée libre
Colloque organisé par Janig BEGOC, Sylvain DIAZ, Nicolas FOURGEAUD, Cristina ONORO et Isabelle RECK, avec le soutien de l'ACCRA, de l'EA 4376 CHER (université de Strasbourg) et de la HEAR, dans le cadre des programmes Plateau IdEx (2013-2015) et « Hybris et catastrophe : les arts de la scène des XXe et XXIe siècles face à la crise » (2013-2016) soutenu par la MISHA. Le colloque est accompagné d'un spectacle donné par Germain Roesz et Gaëtan Gromer mercredi 1er octobre 2014.
Dès l’émergence de la performance artistique contemporaine, à la fin des années 1950, les performeurs ont identifié le théâtre comme une pratique dont il fallait absolument se démarquer, et ce, notamment en raison d’un textocentrisme dont il commençait pourtant à se dégager. On estime le plus souvent que la performance a cherché à s’émanciper du langage, et plus généralement de toutes les formes de notations ou d’inscriptions textuelles, pour préférer la possibilité d’une communication corporelle et « non-linguistique » et d’une présence autoréférentielle.
Aujourd’hui, pourtant, les frontières entre théâtre et performance se font de plus en plus poreuses, et les échanges de plus en plus nombreux. Le modèle de la performance semble en effet se faire jour dans de nombreuses productions théâtrales contemporaines, ainsi qu’a pu le noter Joseph Danan dans son récent ouvrage Entre théâtre et performance : la question du texte (2013) : mise en jeu de la présence et de la dimension visuelle, émancipation du texte, déplacement hors du cube scénique… La performance semble aujourd’hui permettre au théâtre d’inventer d’autres modes de production opérale, sur les plans tant spectaculaire que dramaturgique. De son côté, la performance contemporaine n’est pas sans faire signe vers le théâtre, réinvestissant le texte – sous ses multiples formes – avec lequel elle voulait initialement rompre : on ne compte plus les conférences performées ou les performances s’inspirant de cadres où le texte joue un rôle central, comme le one-man show ou la visite guidée.
A partir de ce constat, le colloque « Texte et performance : au croisement des arts visuels et des arts du spectacle » a souhaité réinterroger le rapport entre performance théâtrale et performance visuelle depuis les années 1960, en partant de la question du texte – entendu au sens large de « production écrite », qu’elle soit éditée ou manuscrite. Le texte est sans doute beaucoup plus présent dans la performance que ne veulent bien le reconnaître ses acteurs mêmes, et les usages du texte dans le théâtre plus riches et moins fixés que ne veulent bien l’énoncer les performeurs. Et ce, dès les années 1960, moment d’émergence de nouvelles formes de théâtralités (Tadeusz Kantor, Jerzy Grotowski pour ne citer qu’eux), et aussi de ce que Michael Kirby nomma un « nouveau théâtre » (les happenings de Kaprow, les events de Fluxus, l’œuvre musicale et performantielle de John Cage…). Plutôt que de convoquer des récits autorisés, on a proposé ici de travailler, à partir de l’étude de documents scripturaires, à mettre au jour les différents usages ou modes d’existence du texte dans l’un et l’autre champ, pour tenter de pointer des convergences entre théâtre et performance, plutôt que des divergences.